The Last Show, un titre prémonitoire (en VF) pour Robert Altman. Décédé le 20 novembre 2006, le cinéaste tirait sa révérence avec ce dernier long-métrage dont le scénario, inspiré d'une vraie émission de radio, lui a donné la matière d'un film choral, lui qui en a toujours été friand, et l'occasion de renouer avec l'univers musical, de raviver les souvenirs de Nashville, l'un de ses succès. Souvent adepte, au cours de sa carrière, d'une forme un peu sèche de distanciation critique, ironique voire satirique (notamment à l'égard de l'histoire et de la culture états-uniennes), le réalisateur opte ici pour une autre tonalité : ce morceau de culture populaire est croqué avec tendresse, mélancolie, nostalgie. Avec humour aussi, évidemment, mais un humour plus direct, moins vachard. Bref, il y a ici une dimension sympathique et chaleureuse que l'on avait rarement ressentie dans la filmo d'Altman. Elle doit beaucoup à la qualité du scénario, d'une écriture fine et spontanée, très en verve. Elle doit aussi au dispositif de mise en scène élaboré par le réalisateur : on passe d'un personnage à un autre, des coulisses à la scène, d'une vieille chanson émouvante à une blague à deux balles, en un va-et-vient très fluide, la caméra captant différents moments, différents endroits du théâtre, souvent en plans séquences. Voilà qui confère à ce quasi-huis clos, dont l'histoire se déroule presque en temps réel, un naturel alerte et réjouissant. On apprécie aussi beaucoup le mélange de légèreté et de gravité introduit par deux personnages : le détective privé (Kevin Kline), tout droit sorti d'un polar des années 1950, tout en dérision, et la femme à l'imper blanc (Virginia Madsen), dont l'apparition précède chaque fois le décès d'un personnage. Une incarnation de la mort, sexy et angélique, qui fait penser au personnage de Jessica Lange dans All That Jazz (Que le spectacle commence), également dans l'univers du spectacle. De quoi aborder la mort en douceur, le sourire en coin. Joli testament pour Robert Altman...