Réalisé par Alfonso Cuaron, sacré de l’Oscar du Meilleur réalisateur pour son impressionnant Gravity, véritable expérience sensorielle dans l’espace, il y avait avant son film avec Sandra Bullock et George Clooney, Les Fils de l’Homme, grosse claque dans le genre de la science-fiction assez méconnu du grand public. Londres, novembre 2027. Les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire et le monde se meurt. Suite à l’annonce de la mort de la plus jeune personne au monde, âgée seulement de 18 ans, la population est en émoi. La politique d’exclusion des étrangers ayant plongée la Grande-Bretagne dans le chaos le plus total, un groupe révolutionnaire appelé « Les Poissons » lutte pour le droit des immigrés et est accusé par le gouvernement de terrorisme. C’est alors que Théo est contacté par ce groupe, mené par son ex-femme Julian, pour les aider à confier la première femme enceinte depuis 18 ans à l’organisation « Renouveau Planétaire » pour assurer la survie de la planète. Sorti en 2006, Les Fils de l’Homme d’Alfonso Cuaron connu un très beau succès auprès des critiques mais pas un aussi gros au box-office mondial, en fait il fut un échec commercial car n‘ayant pas remboursé son budget de 70 millions de dollars. Le film obtenu son statut de quasi film culte avec les ventes de DVD. Et il faut avouer que Les Fils de l’Homme est un des meilleurs films d’anticipation que j’ai vu de ma vie, pas un des mes préférés mais vraiment un des meilleurs. Le film est adapté du roman de P.D. James qui avec son scénario post-apocalyptique où les femmes sont devenue stériles, un homme est chargé de la protection de la première femme enceinte depuis des années dans un monde ravagé par le terrorisme, les rebellions et les politiques d’exclusions des immigrés mené par le gouvernement britannique, fascine le spectateur de bout en bout. Alfonso Cuaron signe avec son film, désormais grand, une belle fable sur fond d’anticipation et de réflexions politiques et métaphysiques. Les Fils de l’Homme se situe pile entre le film d’auteur et le film d’action type blockbuster avec d’impressionnants décors du Londres de 2027 et des scènes d’action ahurissantes. Et ce qui fait la réussite du film en dehors de son brillant scénario qui nous parle à la fois de politique, de guerre, de terrorisme avec des résonnance post-11 septembre 2001 pour certains, de références religieuses où le personnage de l’excellent Clive Owen pourrait être une sorte de protecteur, un genre de Terminator mais en plus humain car connaissant la souffrance psychologique et physique, pour la jeune Kee dont l’enfant serait le nouveau « Jésus Christ » et qui assurera la survie de toute l’humanité, c’est sa brillante réalisation. En effet Alfonso Cuaron s’annonçait déjà comme un futur grand metteur en scène avec cet incroyable film d’anticipation qu’est Les Fils de l’Homme, aujourd’hui il a atteint ce stade avec son dément Gravity, mais en 2006 il n’avait pas la même popularité qu’actuellement, même s’il avait réalisé le troisième Harry Potter considéré par beaucoup de critiques comme le meilleur de la saga. Et c’est donc grâce à la brillante et intense réalisation, à la fois coups de poing et intimiste, de Cuaron que Les Fils de l’Homme tire toute sa force car l’art du plan-séquence, qu’il maîtrise parfaitement, est ici plus que grandiose. Dans le cinéma, un plan-séquence est une scène, avec unité de lieu et de temps, filmée en un seul plan qui est restituée telle quelle dans le film, c’est à dire sans interruption. C’est un plan unique en fait. Et dans Les Fils de l’Homme, les trois plus longs de ces plans sont : l’embuscade en voiture d’une durée de 3 minutes 58, l’accouchement de Kee de 3 minutes 11 et enfin la scène où le héros évolue dans un théâtre de guérilla urbaine d’une durée impressionnante de 6 minutes 18. Et c’est ce plan qui vous en met plein la vue car Alfonso Cuaron montre cette scène avec une violence ahurissante où du sang gicle même sur la caméra, notre héros est bousculé dans tous les sens, des balles sifflent au-dessus de lui et les explosions sont assourdissantes,… le réalisme de la guerre et des affrontements armée sont bel et bien là. Les Fils de l’Homme nous apparaît alors comme révolutionnaire en matière de réalisation, aujourd’hui doublé par Gravity qui surpasse tous ce qu’on a put voir en matière de plans-séquences jusqu’à présent mais celui de l’affrontement armée entre le groupe des Poissons et l’armée britannique des Fils de l’Homme restera dans beaucoup de mémoires de cinéphiles c’est sûr. Alfonso Cuaron entre donc dans la liste des plus grand metteurs scène, ceux considérés comme des artisans ou des inventeurs du langage cinématographique par leurs styles et expérimentations tels Steven Spielberg, John McTiernan, Orson Welles, Christopher Nolan ou encore Quentin Tarantino. Les Fils de l’Homme, accompagné d’une musique qui nous amène dans des pensées métaphysiques, est donc un brillant film d’anticipation ponctué de diverses réflexions toute plus fascinantes les unes que les autres, porté par un superbe casting composé de Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Chiwetel Ejiofor, Charlie Hunnam, Peter Mullan, Claire-Hope Ashitey et Danny Huston, et enfin d’une puissante et intelligente réalisation d’Alfonso Cuaron.