Le premier long-métrage de Benito Zambrano, Solas réalisé cinq ans auparavant a été vendu dans plus de cinquante pays. Un véritable succès qui a valu au cinéaste espagnol 50 prix dans le monde dont cinq Goyas en Espagne et sept prix du Cercle des Ecrivains Cinématographiques d' Espagne (CEC).
D'origine espagnole, Benito Zambrano entreprend en 1992 un voyage à Cuba où il étudie pendant douze ans à l'Ecole Internationale de Cinéma et Télévision de San Antonio de los Baños, à La Havane. C'est là qu'il apprend à se servir d'une caméra 35mn et participe à plusieurs projets.
Fortement inspiré par Cuba où il a passé douze années de sa vie, Benito Zambrano rentre en Espagne avec deux scénarios dans sa valise, celui de Solas et celui d'Habana Blues. "L'idée de faire ce film m'est venue en écoutant un concert que donnaient des grands de la nouvelle musique cubaine. Quand je les ai vus jouer, ça m'a donné envie d'écrire l'histoire d'un musicien noir.", explique le réalisateur. A Cuba, il avait rencontré Antonio Pérez , le producteur des deux films à qui il a remis ses deux projets. Après le succès international de Solas, Benito Zambrano et Antonio Pérez retournent à La Havane pour réactualiser le scénario d'Habana Blues. Après trois années de préparation, de recherches, de développement et d'écriture, ils aboutissent enfin à un nouveau scénario avec une histoire qui colle au plus près la réalité cubaine "qui fait souvent l'objet de clichés" et un genre muusical underground et alternatif.
Benito Zambrano veut rendre hommage à cette île des Caraïbes qu'il affectionne particulièrement et s'exprime sur sa fonction de cinéaste : " Cuba représente pour moi bien plus que ce qu'elle m'a apporté en matière de cinéma. A Cuba, j'ai aimé, créé, travaillé, je me suis fait beaucoup d'amis et sûrement quelques ennemis. (...) Le film m'a permis d'exorciser, non pas des sentiments que j'éprouve pour ce pays, mais plutôt des engagements que je me suis fixés en tant que créateur vis-à-vis de son public."
La musique fait souvent partie intégrante des films sur Cuba. Elle est la toile de fond d' Habana Blues, un film musical. Mais, le long-métrage propose cette fois-ci de faire entendre une musique moins célèbre que celle de Buena Vista Social Club en proposant un échantillon de la musique " alternative " et jeune de La Havane : des groupes pop cubains (hip-hop, reggae, heavy-metal...) méconnus de tout le monde et la production d'une sonorité " rock fusion " pour la bande sonore du film.
Benito Zambrano s''est heurté aux difficultés que représente un casting dans un pays comme Cuba : "Lors du casting de Habana Blues, nous voulions trouver de nouveaux acteurs, des acteurs qui ne soient pas connus. En fait, la plupart des acteurs du film le sont. A Cuba, c'est très difficile car il n'y a pas d'agences, les acteurs ne sont pas répertoriés, qu'ils soient professionnels ou débutants. Pour pallier ce problème, les producteurs ont procédé eux-mêmes au casting. Plus de six cents personnes se sont présentées ! Nous recherchions les personnages décrits dans le scénario et nous avons fini par adapter le scénario aux différentes rencontres que nous avons faites. Ensuite, nous avons cherché des musiciens. Des musiciens qui puissent faire les acteurs et finalement, nous avons choisi des acteurs qui puissent jouer des musiciens. Il a donc fallu mettre en place pendant deux mois, un atelier pour permettre aux acteurs de se familiariser avec les instruments. Ça a été aussi laborieux que sympathique."
Habana Blues est l'occasion de (re) découvrir les paysages cubains puisque le film a été tourné à La Havane, la capitale et à Cienfuegos, ville réputée pour sa fabrication de cigares. Le tournage a duré dix semaines.