Les Artistes du théâtre brûlé : les secrets du tournage

Le théâtre brûlé est l'ancien théâtre national Cambodgien " Preah Suramarith " construit en 1966. Le réalisateur Rithy Panh y avait découvert Le Bourgeois gentilhomme de Molière dans sa jeunesse. En 1994, un incendie accidentel est venu ravager le théâtre qui ne connu aucun projet sérieux de restauration. " Ce lieu est passé d'un extrême à l'autre, explique Rithy Panh, des Khmers rouges qui cherchaient à détruire l'identité des Cambodgiens au libéralisme sauvage qui décapite tout ce qui est bénéfique culturellement. "

Après S21, la machine de mort Khmère rouge où il tentait de reconstituer la violence et les pressions psychologique lors du génocide Cambodgien, le réalisateur Rithy Panh continue son travail de mémoire et analyse les fractures que la guerre a laissé au Cambodge à travers le regard qu'il porte sur "le théâtre brûlé" : "La culture devrait être une priorité car elle joue un rôle central pour panser nos plaies, surmonter les traumatismes et bâtir une démocratie. La situation du théâtre brûlé est symbolique de la situation du Cambodge comme de nombreux autres pays en voie de développement. Est-ce qu'on va réduire la culture à sa dimension folklorique ? Et pourtant... Pour sortir de la " culture de survie ", surmonter l'hébétude du traumatisme, nous avons besoin d'un lien, d'une continuité. Les artistes incarnent ce lien. Ils peuvent, par la création, éviter la rupture avec notre passé, ils peuvent nous rendre la dignité de la mémoire"

" Ce film est avant tout une réflexion, explique Rithy Panh. Il est fait pour poser des questions, pas forcément pour donner des réponses. Il a pour but d'inviter le spectateur, d'où qu'il regarde, à réfléchir sur le rôle de l'artiste, la fonction de l'imagination et l'utilité de l'art, face à la perte de la mémoire et la logique implacable de la rentabilité économique à court terme."

Rithy Panh évoque les comédiens qui tentent de faire exister le théâtre depuis le génocide : " Quand on regarde le destin de chacun des comédiens, ils ont tous traversé cette période. Ils ont été les premiers à reprendre leurs activités au théâtre après 1979. Ces " Artistes du Théâtre Brûlé " sont de cette première génération qui remonte sur les planches après le génocide. Le théâtre renaît avec leur travail. Leur chemin individuel épouse complètement l'histoire de ce lieu. Je voulais filmer la manière dont ces artistes vivent ce théâtre, comment ils l'interprètent. Nous avions un scénario pour arriver avec une nouvelle idée de séquence le lendemain. Je me suis adapté à l'interprétation du lieu propre à chaque comédien. C'est pourquoi interprétation du réel et documentaire s'entremêlent. "