Suite à l’imposant succès rencontré au box-office français avec le brillant Une séparation (2011) de Asghar Farhadi, il n’est pas surprenant de voir débarquer dans nos salles huit ans après, la sortie de son second long-métrage, à savoir Les Enfants de Belle Ville (2004). Les distributeurs ayant eu la bonne l’idée de profiter du succès rencontré par le cinéaste iranien pour mettre en avant ses précédentes œuvres qui elles, n’avaient jamais connues d’exploitation dans l’hexagone. Avec ce drame, une fois de plus Asghar Farhadi nous plonge de plein fouet dans la triste réalité qu’est la société iranienne (ici, il s’agit de la peine de mort, un châtiment actuellement pratiqué dans le pays). Le film narre l’histoire de deux jeunes détenus dans un centre de redressement. L’un écope d’une peine suite à un vol tandis que le second y est pour meurtre (il a tué celle qu’il aimait). Ce dernier vient d’ailleurs de fêter ses 18 ans, il angoisse car il sait qu’à partir de sa majorité, les détenus sont transférés dans une prison pour adulte et il peut donc être légalement exécuté. Sa seule chance de ne pas l’être serait qu’il obtienne le pardon du père de la victime, mais ce dernier y est formellement opposé. Son meilleur ami et sa sœur n’ont alors que très peu de jours pour tenter de le dissuader que la mort de ce jeune de 18 ans ne fera pas revenir sa fille ou ne dissipera pas son chagrin pour autant. Il en résulte un drame humain d’une puissance émotionnelle palpable, parfaitement (voir magistralement) interprété par Taraneh Alidoosti (qui est devenue au fil des années une habituée du cinéaste), aux côtés de bons nombre de seconds rôles tout aussi intéressants. Ce qui nous frappe aussi (et c’est totalement aberrant !), on découvre ce qu’est en Iran "le prix du sang", à savoir que selon la loi islamique, les parents de la victime peuvent demander (lorsqu’il s’agit d’un meurtre) une compensation en argent (et ainsi gracier l'auteur des faits ou bien permettre l'exécution de la peine), mais attention, il faut savoir qu’en Iran, "le prix du sang" d'une femme est la moitié de celui d'un homme !