Honnêtement, je ne vois pas comment on peut rendre un avis mitigé sur ce métrage. Ok, Le Trou noir est un film perfectible, mais c’est une des très bonnes découvertes de SF qu’on peut faire dans les années 70.
D’abord, si je suis d’accord que les effets spéciaux sont a amélioré, difficile de bouder son plaisir devant ce métrage. Le souci se pose surtout au niveau de quelques incrustations et du design très moyen des robots, surtout des méchants, mais en dehors de cela c’est une réussite formelle. Les décors sont superbes, le vaisseau spatial est une réelle réussite, le soin du détail est constant et la photographie est tout aussi brillante. On se croirait entre Planète interdite et Star Wars, et le résultat a de l’allure. Surtout que le metteur en scène nous livre quelques plans d’une beauté mémorable. Les héros se détachant en ombre chinoise devant la boule de feu gigantesque est une séquence incroyable du cinéma de SF, plus spectaculaire que ce que beaucoup de films actuels sont en mesure d’offrir. On excuse du coup le fait que l’héroïne trébuche bêtement sur rien pour nous permettre de profiter un peu plus de ce spectacle ! Et puis la bande son de Barry est parfaite, un grand moment là aussi.
En somme, Le Trou noir est formellement une réussite, avec quelques tableaux ultra-impressionnants, surtout pour un métrage des années 70.
Sur le fond, s’inspirant a priori d’un Jules Verne méconnu, Le Trou noir offre une histoire qui se tient. Ok, la fin un peu mystique et pas franchement à la hauteur du déroulé pourra décevoir en dépit de sa beauté plastique, mais il y a 1 heure 30 avant ! Assez sombre pour un Disney (il y a des morts et le propos est assez dur), non dénué d’humour mais qui ne manque pas de froideur lui non plus (le robot VINCENT fait parfois froid dans le dos dans sa façon de parler !), Le Trou noir est en fait la composante de deux époques. On sent clairement dans le fond du propos des influences issues de Planète interdite et consort, et on voit l’influence de Jules Verne aussi dans cette sorte de capitaine Némo de l’espace (en moins sympa encore). C’est scientifiquement aberrant, mais c’est un film hommage à la science. De l’autre, Le Trou noir s’inscrit autant dans la veine de la SF divertissante à spectacle, style Star Trek et Star Wars, avec des robots qui se tapent dessus, des fusils lasers, des scènes de destruction massive dans un style « cinéma popcorn » manifeste. Le mélange prend, malgré les invraisemblances qui peuvent apparaître dans le propos mais qui doivent pour partie venir du livre de Jules Verne.
Le casting est solide, avec des acteurs connus venant faire des prestations convaincantes. Anthony Perkins toujours brillant est entouré de Robert Forster, Maximilan Schell, Yvette Mimieux, Ernest Borgnine pour ne citer que ceux-là, bref des noms plutôt gage de qualité même si parfois compromis dans des produits pas géniaux. Ici ils sont très bien, composent des personnages percutants, rien à redire. Cela étant, les personnages les plus marquants du film sont indéniablement les robots ! Du méchant Maximilian au gentil BOB on a quelques cas de robots légendaires, et je retiendrai surtout VINCENT. Ses répliques sont énormes, et il a un caractère décapant. Je l’ai trouvé aussi spirituel que tête à claque, c’est une curiosité évidente.
En somme, Le Trou noir est un film qui souffre de quelques effets visuels lacunaires, d’une fin faiblarde et d’une histoire pas forcément totalement maitrisée avec des choses pas crédibles. Cela étant, j’ai pris beaucoup de plaisir au visionnage, et je recommande donc ce film qui a été injustement boudé à sa sortie. 4