" Hollywoodland " est le nom original qui était inscrit sur la célèbre colline qui suplombe la ville de Hollywood. L'expression a été réduite à " Hollywood " pour correspondre à la nouvelle image de la ville, alors en plein changement.
Hollywoodland a été présenté en compétition officielle lors de la 63ème édition de la Mostra de Venise, où Ben Affleck a reçu le prix d'interprétation.
L'acteur Jim Beaver biographe de George Reeves a servi de consultant historique sur le tournage d'Hollywoodland. De plus, l'acteur s'est vu offrir un rôle dans le film, mais à dû décliner l'offre au vu de son engagement sur la série Deadwood. Ce qui n'a cependant pas empêcher deux de ses co-stars de la série, Larry Cedar et Molly Parker, de tenir des rôles secondaires dans ce même film.
De nombreux acteurs ont été contacté et ont même, pour certains, passé des auditions pour participer au film Hollywoodland réalisé par Allen Coulter. Parmi ceux qui n'ont pas pu obtenir un rôle ou ont dû décliner l'offre au profit d'un autre projet, on retrouve les noms de Hugh Jackman, Benicio Del Toro, Joaquin Phoenix ou encore Kyle MacLachlan.
Pour Hollywoodland, Bob Hoskins retrouve Diane Lane, vingt ans après Cotton Club : " Quand j'ai appris qu'elle faisait partie de l'équipe, je me suis dit " Génial ! ". C'était déjà une actrice hors pair à l'époque. C'était passionnant de travailler de nouveau avec elle. "
Le scénariste Paul Bernbaum, qui suivait Les Aventures de Superman quand il était enfant, explique sa passion pour le héros volant : " Quand j'étais gosse, je vivais littéralement pour Les Aventures de Superman. Je lisais les BD, j'avais vu les dessins animés, mais Reeves avait quelque chose de plus. Je savais que c'était un acteur, je savais que c'était de la télé. Pourtant, si Superman avait pu exister pour de vrai, il aurait été exactement comme lui. Cet acteur me " parlait ", tout comme il le faisait aux millions de gamins fans de cette série. Il y avait un réel engouement. J'ai même acheté un des costumes originaux qu'il portait à l'écran à une vente aux enchères. "
Paul Bernbaum analyse la carrière de George Reeves : " Je continue de penser que ce type avait quelque chose de spécial, et cela faisait des années que j'avais envie d'écrire un scénario sur lui. La vie de Reeves était incroyable, fascinante et pathétique à la fois. Je voulais témoigner de la gêne qu'il éprouvait à être Superman et de l'exceptionnel impact que ce rôle a eu sur ses fans. Voilà un acteur qui veut devenir une star et qui devient encore plus célèbre que ce qu'il aurait pu imaginer, mais seulement aux yeux des enfants. Malgré sa frustration de n'être que Superman, malgré le frein que ce rôle représentait pour sa carrière, il a toujours reconnu la place qu'il occupait dans le coeur de millions de gamins. Il ne les a jamais abandonnés. Pour eux, c'était lui, Superman ! Et pour moi, cela fait de Reeves un authentique héros ".
Le producteur Glenn Williamson travaille sur ce projet depuis l'automne 2001. Pour lui, " nous avons affaire à un thème qui fascinera toujours les gens : la mort tragique d'un personnage que l'on croit invincible. Pour toute une génération, la disparition de George Reeves équivaut à la fin d'une icône, la perte d'un repère. Il suffit de lire les unes des journaux après son décès : " Superman est mort " ou " le Superman de la télé est mort ", mais pas " George Reeves est mort ". C'est pourquoi nous tenions à dévoiler sa vraie personnalité. "
Le réalisateur Allen Coulter fait part des raisons qui l'ont poussé à accepter la réalisation de Hollywoodland : " C'est une histoire forte dans un contexte exceptionnel. C'est le parcours de deux hommes, George Reeves et Simo, qui rêvaient d'être quelqu'un d'autre. Le scénario était intelligent et remarquablement écrit. C'était en plus l'occasion de porter un regard unique sur une période essentielle qui va de l'âge d'or du cinéma jusqu'à l'avènement de la télévision avec les bouleversements que cela a déclenché. Ce thème n'avait jamais été abordé sérieusement auparavant. Notre version de cette époque est plus sombre que celles habituellement présentées. En faisant mes recherches, j'ai lu énormément de choses, et j'ai pris conscience que l'aura de glamour et de luxe qui entourait le cinéma était une illusion soigneusement entretenue par les studios pour fasciner et attirer les gens. Le film écorne ce vernis et montre que quelle que soit l'illusion, la réalité de la vie se cache derrière... "
Allen Coulter analyse la relation entre les deux personnages principaux, George Reeves et le détective Louis Simo : " La vie de ces deux hommes s'entremêle. Reeves et Simo sont trop absorbés par le rêve hollywoodien pour apprécier ce qu'ils ont. Ils pensent que seul le succès pourra les légitimer aux yeux des autres, donc à leurs propres yeux. L'odyssée de Simo, parti à la découverte de l'histoire de Reeves, lui permettra finalement de prendre du recul sur son propre destin. Au début, pour ce détective, il s'agit juste d'un petit boulot rentable. Mais au fur et à mesure, Simo se passionne pour Reeves, il commence à s'attacher à l'homme. Il réalise aussi qu'on n'est pas toujours complètement responsable de ses malheurs. A mon avis, Reeves souffrait d'être perçu non pas comme l'acteur sérieux qu'il était mais seulement comme " ce type qui joue Superman ". Il a débuté de façon tellement incroyable. Imaginez un peu... Faire ses débuts dans Autant en emporte le vent ! Quand il est revenu après avoir servi son pays, il n'a pas pu relancer sa carrière dans le cinéma. Il était au tout début de la trentaine, mais déjà un peu trop âgé pour Hollywood. Il est devenu célèbre dans un autre média, la télévision, mais cela ne comptait pas beaucoup pour lui. Il n'a pas gagné autant d'argent que les acteurs qui jouent des super-héros au cinéma aujourd'hui ! ".
Le réalisateur Allen Coulter parle de l'engagement de son interprète principal : " Ben Affleck a énormément de respect pour l'homme qu'était George Reeves. Il a fait beaucoup de recherches et s'est profondément investi dans le portrait qu'il en a donné parce qu'il voulait lui rendre justice. " Il ajoute : " Ben Affleck a saisi les contradictions de l'homme avec justesse, George Reeves et lui ont des traits communs. Reeves passait pour un homme charmant et très attachant. Ben l'est également. Et il sait ce que signifie être vulnérable à Hollywood. "
Pour Ben Affleck, " ce rôle impliquait une responsabilité dépassant de loin celle de se montrer fidèle à un homme ayant réellement existé. George Reeves n'était pas reconnu pour ce qu'il était vraiment. Pourtant, on l'appelait " George l'honnête ", il passait beaucoup de temps à essayer d'aider les autres, en partie pour garder lui-même la tête hors de l'eau. Il était généreux et de toute évidence, il prêtait plus d'argent qu'il n'en avait en réalité. Il était bavard et drôle, il savait jouer de la guitare et parler plusieurs langues. Bien sûr, il n'était pas parfait, il était trop ambitieux et impatient, et peut-être était-il trop préoccupé par les apparences. Mais le jour où il a eu un accident de voiture et où il a eu un malaise, les journaux ont titré : " Superman s'évanouit à la vue de son propre sang ". Les gens étaient désinvoltes et sournois avec lui. C'était humiliant, il méritait mieux que ça. Ce qui m'a plu dans cette histoire, c'est le contraste entre la frustration et la tristesse du personnage et la vision qu'en avait le public qui le jugeait chanceux. A mon sens, Hollywoodland est le parfait exemple de la manière dont notre culture vénère puis détruit les icônes qu'elle a elle-même créées ".
L'acteur Adrien Brody, qui incarne le détective Louis Simo dans le film, voit son rôle de la manière suivante : " Les personnages les plus intéressants sont souvent ceux qui nous apprennent quelque chose sur nos propres luttes. Simo est arrivé à un moment de sa vie où il veut obtenir des résultats alors qu'il n'a pas fait les efforts nécessaires pour y parvenir. Il est un peu puéril dans ses rapports avec les autres, il a besoin de grandir. Il fait attention à l'image qu'il projette mais c'est du bluff. Avec l'enquête sur Reeves, il finit par arrêter de rouler les mécaniques et commence à se concentrer sur ce qui compte vraiment. Au départ, Simo enquête juste pour se faire remarquer et donner une autre dimension à son boulot. Mais par la suite, il découvre la face cachée de Reeves, et sa réalité. "
La mort de George Reeves reste toujours un mystère. Pour éviter d'avantager une piste sur une autre, le réalisateur et Adrien Brody ont beaucoup discuté. Ils ont finalement décidé que Louis Simo resterait dans le flou afin de renforcer la quête de vérité du personnage. Adrien Brody le confirme : " Mon personnage ignore ce qui s'est vraiment passé, et il était plus plausible de l'interpréter dans cette optique. " De plus, le scénariste avoue avoir joué sur le mystère qui entoure la mort du héros : " La mort de Reeves a toujours soulevé la controverse. Il existe trois théories concernant son décès : 1 - il s'est suicidé. 2 - il a été abattu soit exprès soit par accident par Leonore Lemmon. 3 - il a été tué sur l'ordre d'Eddie Mannix. En écrivant le scénario, je voulais prendre en compte chacune d'entre elles, les rendre suffisamment plausibles pour que le public soit partagé entre les trois hypothèses. "
Diane Lane, qui interprère la maîtresse de George Reeves, a manifesté son intérêt pour ce film quand celui-ci était encore au stade de projet. Elle a suivi l'évolution du scénario et Paul Bernbaum a écrit le rôle de Toni Mannix en pensant à elle. Le réalisateur ne tarit pas d'éloges sur l'actrice : " Dans plusieurs films, Diane a interprété des femmes guidées par leurs émotions malgré elles. Dans Hollywoodland, on peut dire que c'est aussi le cas de Toni, à une nuance près : Toni est forte, elle n'a pas froid aux yeux. Diane a montré à plusieurs reprises qu'elle pouvait aussi donner dans ce registre-là. Avec Toni, elle a eu l'occasion d'aller plus loin. Diane est l'une des meilleures actrices avec lesquelles j'aie travaillé. Je suis fier d'avoir dirigé une actrice de cette trempe, honnête et authentique. "
Diane Lane explique la relation qui unissait son personnage, Toni Mannix, avec George Reeves : " La relation entre Toni et George m'intéressait beaucoup. C'était une grande dame, pas toujours irréprochable... Mais quelque chose en elle vibrait. Ben et moi avons lu beaucoup de livres dans lesquels George parlait d'elle, et nous nous sommes entretenus avec Jack Larson, qui jouait aux côtés de George dans la série, qui les adorait tous les deux et nous a longuement parlé de leur relation. Toni avait huit ans de plus que Reeves et s'occupait de l'argent dans le couple. Elle n'avait pas peur de tenir les finances et de gérer les comptes. Sa liaison avec Reeves aurait pu être superficielle, uniquement basée sur le sexe et le fun. En réalité, leur relation était solide, adulte, très mature. Il y avait comme un arrangement entre eux, chacun y trouvant son compte. Toni lui était reconnaissante de faire partie de sa vie. Quant à Toni et Eddie, ils étaient probablement au courant de leurs liaisons respectives. Ils avaient atteint la conclusion réfléchie que chacun voulait le bonheur de l'autre, sans pour autant sacrifier les bénéfices mutuels qu'ils tiraient tous deux de leur mariage. "
L'interprète de George Reeves, Ben Affleck, analyse la relation qui unissait Toni et George : " Quand Toni est arrivée dans la vie de Reeves, elle représentait ce qu'il désirait : un nouveau départ, le sentiment d'être plus jeune et de se sentir plus vivant. D'une certaine manière, elle a utilisé le fait qu'elle lui donnait de l'argent - elle l'entretenait avec l'argent de son mari - pour le contrôler. Je crois qu'ils étaient amoureux, mais au bout du compte, elle a fini par représenter à ses yeux à lui quelque chose qui ne le rendait pas heureux. Ce qui n'a pas empêché Reeves, une fois sorti de sa vie, de dériver. ". Diane Lane ajoute : " Comme toute relation, la leur aurait pu se poursuivre longtemps s'ils n'avaient pas évolué, et Toni ne voulait pas que George change, elle voulait qu'il reste tel qu'elle l'avait connu. Elle l'aimait, et je ne crois pas qu'elle se soit jamais remise de leur rupture. "
Bob Hoskins déclare à propos de son personnage, Eddie Mannix : " La seule responsabilité que j'ai est de ne jamais émettre de jugement sur un personnage. J'ai effectivement lu des choses sur Eddie Mannix, mais je ne voulais pas trop me documenter pour ne pas me laisser influencer. Mannix était un type complexe. Il avait du pouvoir, c'était le n°2 de la MGM. Mais il était aussi très malade, et je crois que le désir avait disparu de son mariage depuis longtemps. Sa relation avec Toni ressemblait plus à celle d'un frère et d'une soeur. Il était dur. Et pourtant... Il était aussi capable de tendresse. Il a réalisé que s'il voulait la garder comme épouse, il fallait qu'elle ait une sexualité à part. C'était en quelque sorte : " Tu peux coucher avec ma femme, mais si tu la fais pleurer, t'es mort ! ". C'était une époque incroyable, on disait aux acteurs comment il fallait vivre, comme s'ils appartenaient vraiment aux studios. "
Le réalisateur explique l'impact d'une décennie sur une ville comme Hollywood, et comment elle influe sur la vie des personnages principaux,Reeves et Simo : " ,Reeves est devenu adulte dans un Hollywood où primait le sens de l'élégance. Les gens étaient assez formels, ils avaient une certaine dignité dans le maintien. Dans le Hollywood de, Reeves, le jazz prédomine, on en joue dans les clubs et les restaurants. Sa vie se déroule dans un silence relatif, on y perçoit juste le bruit léger des vagues de l'océan, interrompu au loin par le son d'un orchestre de jazz. Dans le Hollywood de Simo, on passe à l'ère du rock, des tourne-disques et des juke-boxes. La vie du détective se déroule au milieu d'une cacophonie incessante. Jonathan Freeman, le directeur de la photo, a scindé les deux époques pour leur donner deux styles visuels différents. Sa caméra est plus sobre et retenue quand elle montre le Hollywood de Reeves, alors que pour le Hollywood de Simo, les couleurs ont l'air d'avoir été délavées par le soleil de Californie. Les mouvements de la caméra sont alors plus instables. "
Ben Affleck explique la préparation qu'il a faite afin de mieux s'imprégner de son personnage, George Reeves : " J'ai fait plus de recherches pour ce film que pour n'importe quel autre ! J'ai passé beaucoup de temps à me préparer. J'ai pris du poids, près de huit kilos. Avant d'aller au lit, je mangeais des pizzas ! Avec un I-pod, j'ai créé une base de données audio avec des extraits de la voix de Reeves, histoire de m'imprégner. J'ai aussi regardé les 104 épisodes des Aventures de Superman, ainsi que ses autres films. Reeves a été pour moi une vraie source d'inspiration, c'était un sacré acteur... "
Le superviseur des effets visuels, Dennis Berardi, explique comment ils ont recréé l'univers de la série " Les aventures de Superman ", tournées dans les années 50 : " Pour réaliser la séquence d'ouverture à la manière des premiers épisodes des Aventures de Superman en noir et blanc, nous avons filmé Ben devant un écran vert, et tout en couleur, ce qui nous a permis par la suite de traiter numériquement les images pour les faire correspondre aux images originales en postproduction. Redécouvrir certaines des techniques cinématographiques de base de l'époque a été une expérience fascinante ! "
Avant tout, le scénariste, le producteur et le réalisateur souhaitent que leur film donne une autre vision de George Reeves, et ainsi de restituer le respect qu'il méritait. Le réalisateur conclut : " On pourrait dire que ce film associe deux éléments contradictoires : le goût de la nostalgie et le besoin de vivre dans le présent. Je suis convaincu que tout le monde peut soit s'identifier à Reeves et à ses rêves de célébrité, soit à Simo et son désir d'être utile. D'une certaine façon, nous vivons tous à Hollywoodland. "