Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Sophie Scholl les derniers jours" et de son tournage !

Récompenses

Couvert de lauriers à la Berlinale 2005, Sophie Scholl y a obtenu l'Ours d'argent du Meilleur réalisateur pour Marc Rothemund et celui de la Meilleure actrice pour Julia Jentsch, ainsi que le Prix du Jury oecuménique. Le film a décroché la même année 3 récompenses à l'European Film Award : le trophée de la Meilleure actrice, et deux prix du public (Meilleure actrice, Meilleur réalisateur). Sophie Scholl a également été nommé à l'Oscar du meilleur film étranger en 2006. Ajoutons que le film a été vu en Allemagne par plus d'un million de spectateurs.

Les intentions du cinéaste

"Ce film redonne vie à Sophie Scholl, l'une des rares héroïnes de l'histoire allemande, une figure devenue quasiment mythique. Il est centré sur les six derniers jours (du 17 au 22 février 1943) de sa vie, depuis la préparation de l'opération de distribution de tracts à l'université de Munich jusqu'à son arrestation, son interrogatoire, puis sa condamnation et son exécution. Il ne s'agit pas d'atteindre à une épure censée présenter Sophie Scholl comme une sainte, mais comme la jeune femme qu'elle était : aimant la vie, courageuse et fervente, totalement impliquée dans son combat au sein de La Rose Blanche contre le nazisme."

Le réalisateur et son scénariste

Sophie Scholl est le troisième long métrage de Marc Rothemund, jeune cinéaste allemand qui, avant de s'attaquer à ce sujet grave, avait signé deux comédies : Das Merkwürdige Verhalten geschlechtsreifer Großstädter zur Paarungszeit et Ils ne pensent qu'à ça (sorte d'American pie à l'allemande). Pour l'écriture du script, il s'est adjoint les services de Fred Breinersdorfer, avec qui il avait déjà travaillé sur des téléfilms, et qui présente la particularité d'être à la fois écrivain, dramaturge et... avocat.

Une fiction documentée

L'équipe de Sophie Scholl a pu consulter de nombreux documents, inaccessibles jusqu'à la fin des années 80, "surtout les procès-verbaux d'interrogatoires de la Gestapo", note le cinéaste, qui ajoute : "Ces documents, dissimulés dans les archives est-allemandes depuis des décennies, n'ont été rendus accessibles au public que dans les années 1990. Les interrogatoires de Sophie Scholl en particulier sont extrêmement intéressants." Concernant les autres sources, il précite : "Nous disposions des arrêts de mort rendues par le juge Roland Freisler, des actes d'accusation et des minutes officielles du procès. Nous avions également de nombreux récits de témoins oculaires. Sur la base de tous ces documents, Fred Breinersdorfer, qui a longtemps pratiqué le droit, a écrit un intéressant récit d'audience : trois accusés - trois points de vue complètement différents : tout d'abord Christoph Probst, qui se bat pour sa survie (...) puis Hans Scholl dont les opinions se heurtent très directement aux opinions du juge (...) et finalement Sophie, qui argumente sur un plan plus émotionnel (...)"

Hier et aujourd'hui

"Mon film ne devait pas donner l'impression que l'on assiste à un cours d'histoire", souligne Marc Rothemund qui souhaitait avant tout que le spectateur d'aujourd'hui entre de plain-pied dans l'action. "J'ai donc veillé à montrer le moins possible d'uniformes et de croix gammées." Son objectif était moins de "reconstituer des scènes historiques" que de "soulever des questions toujours actuelles". Et d'énumérer : "Comment réagir face à l'injustice ? Jusqu'où est-on prêt à s'impliquer personnellement ? Il y a encore des guerres et des dictatures de nos jours partout dans le monde. Mais nous sommes aussi confrontés à la question du courage civil dans notre vie quotidienne. S'élever contre l'injustice, refuser de fermer les yeux, cela doit rester un combat incessant."

"Une fille normale"

La comédienne Julia Jentsch, vue dans The Edukators et La Chute, parle de la richesse et de la complexité de son rôle : "C'était une jeune femme qui adorait la vie et s'intéressait à tout, loin, très loin, de penser à la mort (...) D'un côté, son bourreau dit n'avoir jamais vu de sa vie quiconque monter à l'échafaud aussi dignement que Sophie Scholl. De l'autre, on sait aussi qu'elle a pleuré, par exemple en apprenant l'arrestation de Christoph Probst. C'est le plus gros problème auquel j'ai été confrontée : à chaque scène, je devais me demander ce qu'elle avait pu ressentir à ce moment précis. Est-ce que sa force intérieure et son assurance l'emportaient, ou est-ce que la peur et la tristesse l'envahissaient ? Je me suis heurtée à ce dilemme pendant tout le tournage (...) Les spectateurs doivent comprendre que Sophie était une fille normale, avec toutes les peurs d'une fille normale, qui a pris des décisions que chacun pourrait prendre."

Sophie Scholl au cinéma

Le personnage de Sophie Scholl a déjà été représenté dans le cinéma allemand à deux reprises, en 1982 : dans La Rose blanche de Michael Verhoeven, qui retrace le parcours de ce groupe de résistants, et dans Fünf letzte Tage, construit à partir du point de vue d'Else Gebel, la compagne de cellule de Sophie Scholl.

Le dernier jour

Dans le livre Sophie Scholl - Die Letzten Tage (édité par Fred Breinersdorfer), Ulrich Chaussy revient sur l'exécution de Hens et Sophie Scholl et de Christoph Probst le 22 février 1943 : "La demande de grâce que Leo Samberger aide Robert Scholl à rédiger n'est pas prise en considération. Néanmoins, Robert Scholl et sa femme sont autorisés à rendre visite à leurs enfants à Stadelheim. Les parents ignorent encore que les exécutions sont prévues le jour même. Christoph Probst n'a pas la possibilité de dire au revoir à sa famille. Il est baptisé au dernier moment par un prête catholique. Le gardien de cellule autorise les trois amis à fumer une dernière cigarette ensemble. A 17 heures, Sophie, Hans et Christoph sont décapités par le bourreau Reichart." Trois autres membres de la Rose blanche seront exécutés après un second procès en avril 1943.

L'hommage de Mann

Voici ce que dit l'écrivain Thomas Mann en exil, sur les ondes de la BBC, en juin 1943, à propos de la lutte de la Rose blanche (traduction Pierre Jundt pour les éditions Martin Flinker, 1948, p. 160-161) : "Le monde est, aujourd'hui, très profondément ému par les incidents qui se sont déroulés à l'université de Munich et dont la nouvelle nous a été transmise, tout d'abord sans précisions, puis avec des détails toujours plus saisissants, par les journaux suisses et suédois. Nous savons maintenant ce qu'il en a été de Hans Scholl, survivant de Stalingrad et de sa soeur, de Christophe Probst, du professeur Huber et de tous les autres. Nous connaissons l'émeute des étudiants qui s'élèvent, à Pâques, contre l'allocution obscène d'un bonze nazi à l'auditorium maximum, leur mort en martyrs sous la hache (...) Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés. Les nazis ont élevé des monuments à de solides apaches, à de vulgaires tueurs... la révolution allemande, la vraie, les détruira et, à leur place, elle immortalisera vos noms, vous qui saviez et qui proclamiez, alors que la nuit couvrait encore l'Allemagne et l'Europe, qu'il "naît une foi nouvelle, la foi à l'honneur et à la liberté"."

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