Medieval Pie est un film qui s’est fait laminé par la critique, tant presse que publique. Honnêtement je m’attendais à bien pire que ça. Sans être mémorable, ce film est loin d’être une plaie ambulante.
Le souci ça reste le fond. Inspiré de Boccace, peut-être, mais précisément je ne suis pas certain que vouloir adapter Boccace ce soit possible sous la forme d’un long métrage comme celui-ci. En tout cas le style de Boccace ne s’y prête pas franchement. Il résulte un imbroglio amoureux assez peu passionnant, avec pleins de personnages mal dégrossis, et avec finalement peu d’exploitation du fond historique (si ce n’est sur la forme, encore qu’on ne soit pas franchement au Moyen-Age), et peu d’exploitation du caractère grivois de Boccace. Il y a quelques scènes de nudité, mais rien à voir avec le côté tranchant des histoires de Boccace. C’est de la nudité pour ado découvrant leur corps quoi ! Elle est là mais pour le comique seulement, c’est frustrant. Pour le reste le film n’a donc pas trop d’intrigue, et la narration est des plus chaotiques. Le film devient vite brouillon.
Le casting est sympathique, avec quelques surprises, comme celle de découvrir Tim Roth dans ce genre de produit. Sa prestation est bonne, et son personnage est peut-être le seul véritablement à apporter plus de sérieux au film. Car pour le reste on a un casting que n’aurait en effet pas renié un épisode de la saga American Pie, et même si les filles sont charmantes et se débrouillent convenablement, côté masculin il y a des loupés. C’est plutôt fade dans l’ensemble, avec un Hayden Christensen malheureusement peu convaincant. Son jeu manque de finesse, de légèreté. Il n’y a pas à dire, ça reste un acteur assez moyen, et le fait que sa carrière ait stagné ne me surprend pas trop en vérité. A part Tim Roth, côté masculin je retiendrai surtout Matthew Rhys, amusant en comte russe de fantaisie, et sa confrontation avec Roth est le moment le plus sympa du métrage.
Quant à la forme, bon, c’est très moyen. Si les combats à l’épée sont réussis, je regrette fort qu’un film s’intitulant Medieval Pie nous plonge en fait en pleine Renaissance. On retrouve un peu l’esthétique du Décaméron, mais il y a une surprenante impression de carton-pâte, de film en costume trop léché pour être vrai. La photographie plutôt lumineuse et une mise en scène correcte parviennent cependant à donner un résultat honorable. Mais les décors et une trop grande artificialité de la reconstitution ne m’ont pas convaincu, de même qu’une bande son aux relents modernes qui rappelle, finalement, qu’on est ici dans un ersatz en costume d’un film sexy pour ado, et c’est dommage.
En conclusion, Medieval Pie est surtout un film creux sur le fond, mélangeant diverses historiettes sexy autour d’un casting pléthorique, à l’image des American Pie d’ailleurs. Sauf qu’outre le déjà-vu de ce qui est développé, je n’ai pas vraiment vu où était l’exploitation du contexte historique, et le mélange des genres peine à prendre. Reste malgré tout quelques scènes drôles, une certaine bonne humeur générale sur fond de nudité gentillette, quelques acteurs investis, et au bout du compte, malgré les lacunes certaines de ce métrage, il garde une sympathique naïveté. 2