Un beau matin... est le premier long métrage de David Lowe, un génial touche-à-tout d'abord Docteur en physique nucléaire puis artiste - comédien (Filles perdues, cheveux gras, L'Homme au masque de fer...), chroniqueur (Union libre, Encore plus libre...), compositeur (McDull dans les nuages dans sa version française, Jojo la frite...). Cinéaste, il a mis en scène cinq courts métrages : Capitaine Invisible, Dr. Love, La Crevette, L'Ours de bronze et Oncle Sylvestre. Son épouse Charlotte Lowe, qui a participé à la réalisation d'Un beau matin..., s'était d'abord distinguée comme comédienne (Quand j'avais cinq ans je m'ai tué, Un monde sans pitié...) après des études avec Jack Garfein, puis à l'Actor's Studio.
Tout au long du film, l'enfant découvre trois morceaux importants de Serguei Prokofiev : Pierre et le loup, Roméo et Juliette et Le Bûcher d'hiver, un conte musical inédit du compositeur. Né le 23 avril 1891 et décédé le 5 mars 1953 (le même jour que Staline), ce musicien est également l'auteur du ballet Cendrillon (1944), de l'opéra Guerre et paix (1952) et de la puissante Symphonie n° 5 (1944).
Ce projet est né d'une "envie de faire quelque chose qui soit à fois comique, esthétique et populaire" comme l'explique David Lowe. "On voulait unir l'esthétique au burlesque, à l'image des films de Buster Keaton", poursuit-il. "Le burlesque, c'est le principe même de l'humanité. C'est donc normal de rendre cela esthétique. De plus, c'était aussi une démarche en réaction à notre époque où l'art moderne est choquant sans justification."
David Lowe et son épouse ont commencé à travailler sur Pierre et le loup. "Nous avons beaucoup lu, écouté et visionné..., explique-t-il. Mais à notre goût, il manquait toujours une fidélité et une sincérité dans les adaptations. En même temps, nous travaillions en quelque sorte "conjointement" avec les enfants : nous leur avons fait écouter différentes versions de "Pierre et le loup" auxquelles ils n'ont pas tous adhéré. Ils ont bien aimé la version de Pierre Bertin, de l'Académie française. Lui, il était un peu cynique dans sa façon de raconter l'histoire..."
Puis, ils ont analysé le story-board avec un ami clown-psychanalyste avec qui le cinéaste travaille souvent. "On voulait que ce soit comme un conte mythique, raconte David Lowe. Le tout avec des notions de cirque aussi. Enfin, nous sommes allés voir les gens de Nova Magazine qui nous ont prêté une caméra ; on a trouvé un chef opérateur parce qu'on pensait qu'on ne pouvait pas faire ce travail nous-mêmes et l'aventure a débuté pour de bon."
Le casting du film est essentiellement composé d'enfants. David Lowe explique d'où lui est venue l'idée d'une distribution si jeune : "Dans le village où nous vivions, nos enfants et les enfants du voisinage se réunissaient presque tout le temps chez nous. Nous avions une ferme et par tous les temps, ils venaient nous aider à nourrir les animaux. Ils avaient chacun une personnalité intéressante et nous avons pensé qu'ils avaient entièrement leur place dans notre film. On savait qu'on pouvait compter sur eux et qu'ils étaient vraiment engagés dans les deux sens du terme : ils étaient passionnés et ils étaient présents quand il le fallait, chacun avec sa feuille de service. C'était rigoureux mais convivial, comme une colonie de vacances."
David Lowe explique quelles ont été ses influences sur ce conte : Pour "Le Bûcher d'hiver", il y avait beaucoup de Tarkovski, particulièrement Le Miroir. C'est un très beau film et une référence classique pour nous. Et puis aussi l'oeuvre de Bergman, comme Fanny et Alexandre, La Flûte enchantée et Les Fraises sauvages. On apprécie aussi énormément les Monty Python... Le film est à l'image de toutes ces influences."
Un beau matin... a été présenté au Festival de La Rochelle 2005 et au Festival de Paris de cette année, où il a remporté le Prix du public Ciné Mômes.