Deuxième long-métrage du réalisateur franco-marocain Hassan Legzouli, Le Veau d’or s’intéresse au sort d’un jeune homme tiraillé entre la France et le Maroc. Sujet cher au metteur en scène du fait de son attachement aux deux pays, il était déjà abordé dans Tenja, son premier long-métrage sorti en 2005 qui suivait l’itinéraire d’un homme entre la France et le Maroc.
Fasciné depuis toujours par les westerns de Sergio Leone, Hassan Legzouli a voulu retranscrire cette capacité qu’avait ce cinéaste culte à filmer des immenses paysages qui happent peu à peu les personnages. "Dans les films de Sergio Leone ou de Clint Eastwood, les personnages se trouvent littéralement habités par les paysages. C’est un cinéma qui me bouleverse", indique-t-il.
Les grands espaces constituent un personnage à part entière dans Le Veau d’or. "Ce qui m’importe c’est que les paysages deviennent justement vivants, qu’ils entrent en symbiose avec les personnages, avec les spectateurs", déclare Hassan Legzouli. Le réalisateur désirait faire contraster la liberté inhérente aux grands espaces avec la liberté limitée de son pays d’origine.
L’idée du scénario a été inspirée au réalisateur Hassan Legzouli par la lecture du roman Une enquête au pays de l’auteur marocain Driss Chraïbi : "C’est l’histoire de deux policiers qui atterrissent au cœur d’un village berbère pour enquêter sur un intellectuel (…) c’est une enquête prétexte pour dénoncer l’appareil qui s’étend derrière. Quand j’ai commencé à réfléchir au Veau d’or, j’ai longuement pensé à ce duo."
C’est grâce au roman de Driss Chraïbi que le cinéaste a pu donner une réelle dimension politique à son propre film dans lequel il dénonce le manque de liberté et l’autoritarisme du gouvernement marocain. Il déclare d’ailleurs avoir réellement pris conscience de toute la dimension politique du Veau d’or quand il s’est heurté à de nombreux problèmes avec les autorités locales : "Nous avons eu certains soucis durant le tournage (…) la gendarmerie royale, qui nous a prêté des uniformes, nous a harcelés, elle menaçait d’arrêter le tournage car nous n’avions pas suivi certaines de leurs directives. Heureusement nous avions fait sortir les bobines du pays."
Le film se conclut sur la mort de Hassan II. Un moment important de l'Histoire du Maroc selon le réalisateur : "Je me souviens d’avoir regardé son enterrement à la télé Je me suis retrouvé émotionnellement piégé, c’était plus qu’un roi, qu’un personnage, c’était un mythe pour nous". Hassan Legzouli ajoute que cela correspondait aux "prémisses de la démocratie", et donc à un tournant pour le pays. C'est pour ces raisons que le cinéaste a choisi de conclure le film sur cet événement.