A Little Whinging, Harry et son cousin Dudley sont attaqués par des Détraqueurs. Comme Harry fait usage d'un Patronus pour les sauver, il est convoqué à un tribunal au Ministère de la Magie pour déterminer s'il peut rester ou non à Poudlard. Pendant ce temps, il est terrassé par des cauchemars dans lesquels il voit/est Voldemort...
Petit à petit, quand les films sortaient, c'était l'extase. On n'attendait qu'une chose : voir sur écran ce que nous avions lu. Et comme on avait lu longtemps avant, on trouvait le film génial.
Mais mater juste après la lecture... Tout de suite le feeling est moins bon.
Y a pas à dire, c'est un bon film. La scène entre Voldemort, Harry et Dumbledore au Ministère de la Magie à la fin est pleine d'émotions, noire et grandiose. L'esprit général est rendu, les acteurs sont tout aussi bons. Mention spéciale, toujours, à Alan Rickman, ainsi qu'à Imelda Staunton (Ombrage) ; et un gros mauvais point à Emma Watson, qui a fait nettement mieux dans les autres opus.
Mais voilà, même si l'essentiel est conservé pour comprendre, les impasses deviennent beaucoup trop nombreuses et fâcheuses. Certes, certains détails comme la SALE ne méritaient effectivement pas qu'on s'y arrête. Finalement le défi de David Yates et son scénariste Michael Goldenberg était de faire rentrer 970 pages dans 2h18. Hachage, tranchage légitimes. Mais certains choix tuent certaines parties de l'intrigue globale de l'oeuvre, ou tout simplement de ce tome.
Tout le début est coupé : en dix minutes, on se retrouve au Ministère de la Magie et cent pages au Square Grimmaurd sont effacées. Les crises d'ado de Harry sont LARGEMENT atténuées, tout comme la crainte de Fudge de voir Dumbledore le renverser. Percy Weasley apparaît presque subitement sans explication aux côtés de Fudge contre Harry, sans que le spectateur non lecteur comprenne comment il en est arrivé là (encore une fois, c'est l'un des plus gros manques de cette adaptation à mes yeux) ; toute la partie à l'hôpital Sainte Mangouste avec les parents de Neville et le professeur Lockhart est balayée tandis qu'elle nous en apprend plus sur le personnage de Neville, personnage plus important dans ce tome car concerné de loin par l'intrigue finale de la prophétie ; les scènes de Quidditch sont complètement effacées, oubliées de ce tome, alors qu'elles montrent les privations que subissent les garçons à cause d'Ombrage ; Ombrage qui d'ailleurs est cent fois pire dans le livre (même si le traitement de son personnage est particulièrement réussi dans le film) puisque l'auteur a, elle, tout le loisir de développer sa perfidie ; les BUSES sont banalisées et les examens sont tout bonnement supprimés (j'avoue toutefois que développer les examens après toutes les aventures tragiques au Ministère, ça aurait cassé la tension...). Sans compter l'erradication quasi-complète des centaures, du récit de Hagrid chez les géants, des souvenirs de Rogue qui montrent que James Potter était un adolescent odieux et prétentieux ; la suppression pourtant violente de l'avertissement du Choixpeau magique, la dénonciation de l'Ordre par Cho Chang pourtant innocente, et l'accès aux prophéties grandement réduit et simplifié, même si sur ce point je trouve ce choix intelligent vu qu'il fait moins "gamins en pleine aventure".
Il y a encore un point très facheux qui touche à l'émotionnel : Sirius n'offre pas de miroir à Harry pour le contacter. C'est une grande faute, ce miroir venant comme par magie et surtout de nulle part dans le dernier film et restant un point d'interrogation pour tous ceux qui n'auraient pas lu tant sa présentation ne bénéficie d'aucune explication. Enfin, Harry, très affecté par la perte de son parrain, va, dans le livre, voir le fantôme de Gryffondor Sir Nicholas de Mimsy-Porpington afin de savoir pourquoi il ne voit pas Sirius. C'est un passage touchant, qui manque cruellement dans le film puisqu'il montre la vulnérabilité de Harry, lui qui perd tous les siens, qui manque de famille. Dans le film, il a l'air triste, mais basta. Limite "Tant pis, on n'en parle plus" !
Au final on passe un bon moment. Mais plus on avance dans les films, plus c'est violent au niveau des manques et adaptations. Sans doute ne faut-il pas enchaîner lecture et visionnage pour ne pas être trop choqué...
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