"Mon film ne traite pas du conflit israélo-palestinien mais des répercussions de ce conflit en France. Par conséquent, des glissements et du développement de la haine entre les Juifs et les Arabes. Il s'agit avant tout d'un témoignage sur l'amitié entre deux femmes afin de dire qu'il est possible de vivre et de penser non en fonction d'une origine mais en fonction de ses sentiments. Je suis pour la paix entre les israëliens et les palestiniens. Je suis pour deux états séparés, libres et indépendants : pour cela, je pense qu'Israël (pays occupant) doit faire le premier pas vers la reconnaissance de l'autre. Au lieu dela, depuis des années, Israêl, à travers ces différents gouvernements, a poursuivi une politique de colonisation et d'expropriation des terres. Mais chaque attentat kamikaze, chaque destruction de maisons, chaque mort, retardent d'autant plus le processus de paix dans cette région."
L'amitié plus forte que la haine est signé Daniel Kupferstein, documentariste qui s'est souvent intéressé à la question de l'immigration, à la fois dans la France d'aujourd'hui et dans un passé récent. Citons Dissimulation d'un massacre (2001) sur la répression pendant la manifestation du 17 octobre 1961, Retour du bled, à propos du voyage au Maroc de quatre enfants, ou encore Les Oubliés de l'histoire (1992), à propos des étrangers dans la résistance et la Libération de la France.
"J'avais, il y a quelques années, dans "cartons" un projet sur l'antisémitisme en France. Un jour, une productrice, Sonia Médina est venue me demander si je ne voulais pas faire un film sur ce sujet. A ce moment là, nous étions au début de la vague des actes antisémites (fin 2000...) Je sentais que le problème était lié au conflit israélo-palestinien et cela dépassait de loin la simple énumération des faits eux-mêmes. En effet, les deux communautés s'étaient bel et bien dressées l'une contre l'autre, tenant des propos intolérables, injustifiées qui m'ont qui m'ont révolté. Là je me suis décidé. J'ai accepté de faire ce film et j'ai commencé à mener mon enquête."
Le cinéaste précise son propre rapport à la religion : "Je commence le film en affirmant mon identité : "je suis français d'origine juive polonaise né dans une famille athée ou le porc faisait figure de plat ordinaire..." Donc, petite nuance, je ne me sens pas juif, c'est pour cela que je parle d'origine. C'est à dire que je me sens avant tout comme un Parisien (de l'est de Paris...). Ce sont les autres qui associent mon nom à la judaïté. Je n'ai en effet, reçu aucune éducation religieuse ou culturelle (...) Cela dit, je ne renie pas du tout mes origines. Elles sont là, mais pour moi, les origines ne font pas la vie." Il entend ainsi dénoncer dans son film toutes les formes de communautarisme : "J'en ai marre de voir les arabes qui s'occupent des arabes, les juifs des juifs, des noirs entre eux etc. On est tous des humains. Alors, je suis peut-être idéaliste, mais à quoi bon vivre si on n'a pas un peu d'idéal..."