Creep ou l’art de louper une belle occasion. J’aime plutôt bien Christopher Smith d’habitude, avec un Severance pas mal et un Black death surprenant notamment. Là par contre, non. Certes c’est presque son premier vrai film, mais ce n’est pas une raison. Le budget était énorme pour ce genre de métrage, (35 millions de livres j’ai presque du mal à le croire) et je pense qu’avec son casting Smith aurait pu faire à la limite encore plus qu’une simple série B de luxe. Je précise Creep n’est même pas de ce niveau.
Je commence par le casting, point plutôt positif d’ailleurs. Franka Potente fait ce qu’elle sait faire de mieux : courir. Je plaisante évidemment, car au final elle relève le niveau de l’ensemble, avec une interprétation solide, une présence énergique, un charisme évident, elle s’impose indéniablement. Sean Harris est lui aussi tout à fait excellent, inquiétant à souhait dans son rôle, il a quelques moments purement jouissifs où l’on sent qu’il investi pleinement la peau de son personnage. Pour le reste c’est tout à fait honorable, bien qu’inférieur aux deux susnommés.
Le scénario par contre, oulà, un échec. Creep démarre plutôt plaisamment, mais s’enfonce ensuite dans une succession de lieux communs, d’invraisemblances, de poncifs (la séquence dans l’espèce de plate forme abandonnée est à jeter à la poubelle tant elle est mauvaise à ce niveau). La créature n’a aucune originalité, et m’a déçu dès sa première apparition. Si l’ensemble n’est pas mal rythmé (encore heureux pour un film d’1 heure 20 !), on sent que Smith essaye de relancer constamment son métrage avec de faux rebondissements. L’ensemble est par ailleurs trop haché, avec un découpage sans transition qui donne davantage le sentiment d’une succession de sketchs (les cages, la clinique, la plate-forme par exemple) que d’une seule et vrai histoire.
Coté visuel, la photographie est de qualité, et n’est pas trop sombre dans les dédales du métro. La mise en scène de Smith propose de beaux plans avec des cadrages astucieux. Les décors sont par contre très limites pour un film avec un tel budget, et fait clairement moins bien qu’un autre film qui se déroule dans le métro : Mimic. Les deux métrages ont d’ailleurs une esthétique assez similaire, mais le second emporte indéniablement le morceau. Coté musique, dommage que celle-ci soit si absente du film, d’autant qu’à entendre le générique il y avait matière à faire quelque chose.
Pour conclure, Smith se plante sur ce coup là. Malgré un budget très conséquent, Creep est décevant, car perfectible sur la forme, et bien trop basique et superficiel sur le fond pour convaincre. D’autant plus dans le monde de l’horreur où non seulement les films se bousculent au portillon, mais où se distinguer devient de surcroit extrêmement difficile. Petit film de monstre classique au possible (pour ne pas dire académique), il y a quelques moments sympathiques (la scène de la clinique notamment), mais c’est trop faible. Je conclue juste sur les effets horrifiques que je n’ai pas abordés. Pas très violents, les plus choquants sont systématiquement hors-plans (je ne porte aucun jugement sur ce choix qui appartient au réalisateur et est tout à fait respectable), par contre pour ceux qui sont montrés on ne sent pas un net progrès qualitatif par rapport à des productions bien moins friquées.