Une police dans tous ses états pour tenter d'arrêter un trafic de drogue. Dès le premier interrogatoire, Pialat appuie le décalage entre les réponses attendues et les réponses données en désynchronisant le montage. Le champ / contrechamp prend du retard, puis le rattrape, et donne souvent plus d'importance à la réaction de l'interlocuteur qu'à l'information donnée.
Les violences policières sont filmées sous leur forme physique – gifles, bousculades, accrochages – et psychologiques – intimidation, vocifération, abus d'autorité. En plus d'être inappropriées, ces méthodes sont inefficaces : acculés, les délinquants mentent, omettent ou se taisent. Et certaines des victimes, stressées par le climat anxiogène, sont orientées dans leur témoignage.
Mangin obtient des informations importantes non par sa brutalité, mais grâce à
la relation qu'il noue avec Noria. Pourtant violentée et méprisée au début, elle se résigne à l'aimer, autant dans le but de se protéger que d'échapper au milieu criminel. Mangin, dans sa misogynie, voit ce rapprochement comme l'occasion de se livrer aux plaisirs charnels, mais aussi une forme de rédemption
.
Reste que
cette romance
, aussi ambivalente soit-elle, redirige le film vers un registre plus quelconque, plus lent et moins en phase avec les deux premiers tiers.