Héctor : les secrets du tournage

La réalisatrice, Gracia Querejeta, confie qu'avant l'écriture de ce scénario, elle n'avait "sans doute jamais ressenti aussi intensément (...) ce qu'[elle] avait si souvent entendu dire : parfois les personnages deviennent doués de leur propre vie et il ne nous reste plus qu'à les écouter si nous voulons que l'histoire arrive à bon port. (...) Je voulais un film chaud. En fin de compte, Hector est une histoire qui parle d'affaires de coeur.

"Nous avons choisi un quartier de la banlieue de Madrid comme toile de fond", explique la réalisatrice. "Le film aurait pu être tourné dans n'importe quelle ville, mais Madrid a une lumière très particulière que je voulais à tout prix capter. J'ai cherché à faire un film avec des images lumineuses, diaphanes, nettes parce que je ne crois pas qu'il existe une différence entre la lumière de la comédie et la lumière du drame. Si nous voulions raconter une histoire qui semble réelle, nous devions simplement laisser faire la lumière ; il suffisait qu'elle accompagne les personnages pendant leur parcours, sans avoir peur qu'une journée limpide, ensoleillée n'aille à l'encontre des sombres sensations qui parfois les étreignent".

Pour le co-scénariste David Planell , deux difficultés n'ont pas tardé à émerger lors de la phase d'écriture. La première concernait le style de la réalisatrice qui "s'appuie sur des actions minimes soutenues par un parcours émotionnel très caché, ce qui fait que les raisons peuvent sembler très diffuses". Pour cette raison il évita un "excès d'ambivalence", et chercha avant tout "des actions claires, concrètes et significatives".

Le deuxième obstacle consistait à "construire l'histoire d'une morte sans se servir de flash-backs. (...) Nous l'avons accepté comme un défi presque depuis le début. (...) Il fallait faire en sorte qu'à la fin du film, nous la connaissions suffisamment pour comprendre qui elle était et pourquoi elle avait agi de cette façon. Sofia est un personnage aussi ‘personnage' que les autres, mais on ne l'aperçoit qu'à travers le point de vue des autres. Quand un personnage est aussi important, quand sa mort déclenche tant d'évènements et que ce personnage est absent, il existe le risque que tout devienne verbal et anti-dramatique".