Pour ce long-métrage, Richard Berry s'est tourné vers une nouvelle de Tonino Benacquista, scénariste de Sur mes lèvres et De battre mon coeur s'est arrêté, et dont les écrits sont déjà à l'origine de Les Morsures de l'aube et L'Outremangeur.
Le premier titre envisagé pour le film était "Le Texas n'existe pas". Joli titre, énigmatique, tiré d'un dialogue entre Arthur et son père. C'est accessoirement l'une des clés pour comprendre le film...
La Boîte Noire est un thriller dont les multiples niveaux de récits et rebondissements n'ont rien à envier aux musts anglo-saxons du genre. Et pour cause : " Tout ça obsède Arthur, le taraude, le perturbe énormément. D'autant que dans cette histoire , il est à la fois l'enquêteur, la victime et le coupable présumé. Il ne peut donc compter que sur lui-même pour recomposer le puzzle de sa vie ", révéle José Garcia.
La nouvelle originale ne dépasse pas les 40 pages : un peu court, pour un film d'1H30 ! Richard Berry explique : " Ce scénario a été difficile à écrire. Il fallait développer un thriller dont la construction s'apparentait à un puzzle, tout en assurant la cohérence d'un sujet très particulier. Je me suis énormément documenté sur les comas, les traumatismes cérébraux... mais aussi sur les phénomènes psychiques et psychologiques associés. Je me suis plongé dans les livres de neurochirurgiens et de neuropsychiatres..." Ainsi l'intrigue du film diffère sensiblement de celle de la nouvelle: celle-ci est ici enchâssée à l'intérieur d'un récit plus large, avec plus de rebondissements et moins d'introspection.
Si La Boîte Noire est le film casse-tête par excellence, de grands moyens ont été aussi engagés rien que pour le plaisir des rétines. Michel Feller , producteur : " Film d'auteur filmé comme un film d'action, il a nécessité de nombreux mouvements d'appareils, des séquences de cascade au bord d'une falaise avec des enfants, des câbles, des accidents de voiture, le tout en extérieur avec parfois des tempêtes de vent... (...) Le tournage a duré 60 jours, à Paris, aux studios d'Epinay et dans les environs de Cherbourg. Face à la météo qui a souvent joué contre nous, le tournage sur la falaise n'a pas été simple. Nous devions tourner en extérieur pour l'ambiance, l'authenticité, mais toutes les actions exigées par lescénario auraient justifié la sécurité d'un studio. Alors, nous avons cumulé, nousavons fabriqué un bout de falaise pour obtenir le surplomb, nous l'avons entouréde fond bleu, et il y a aussi eu les grues et les câbles..."
Il y a des expériences qui ne s'oublient pas, et le métier d'acteur permet d'en approcher des plus diverses et variées... José Garcia confirme: "L'expérience permet à un acteur demettre un peu de distance vis-à-vis de sesrôles. Malgré tout, quand vous vivez duranttrois mois avec un personnage, il finit forcémentpar vous rattraper à un moment ou à unautre. Je me souviens, quand je jouais des rouleursde mécanique, il m'arrivait de rentrer à lamaison en faisant mon frimeur, sans mêmem'en rendre compte. Arthur, lui, est un personnagetrès intérieur. Il a un lien très étroit avecson inconscient. Et bien je pense que l'incarnerm'a aidé à communiquer avec mon inconscient.J'ai en effet effectué une marche arrière personnelle.J'ai regardé certaines choses quej'avais mises de côté, des mensonges d'enfantqui me semblaient lointains et qui me laissentune saveur différente après le film.En jouant un rôle introspectif, j'ai donc pu réfléchir sur moi-même. Bien sûr, la fatigue aidant, surviennent parfois des moments de spleen. Mais au final, il me paraît plus facile de vivre au quotidien avec un Arthur Seligman qu'avec un fanfaron de comédie qui va vous pomper toute votre énergie. Ce type d'expérience,plus mentale, vous restructure et vous régénère."
Marion Cotillard explique avoir des affinités de longue date avec le personnage d'Arthur ! "Durant mon adolescence, il paraîtque je parlais dans mon sommeil. J'ai toujoursrêvé de connaître la nature de mes proposet j'ai maintes fois essayé de m'enregistrerla nuit. Problème : aucune cassette nedure plus d'une heure trente, si bien que jen'ai jamais réussi à m'entendre. Ou plutôt àentendre cette partie de mon inconscient.Dommage. Tout ça pour vous dire que monbesoin de partir à la quête de moi-mêmeremonte à fort longtemps. Et que le sujetdu film a par conséquent éveillé en moid'étranges résonances."
On oppose souvent le cinéma dit "commercial" au cinéma d'"auteur". Et Luc Besson et sa société de production EuropaCorp. ont la réputation de ne pas faire dans la dentelle. En témoignent les blockbusters Yamakasi, Le Baiser mortel du dragon
La Boîte noire est le troisième long-métrage de Richard Berry, après L'Art (délicat) de la séduction et Moi César, 10 ans 1/2, 1,39 m. Expérience concluante ? Comment passe-t-on de la comédie au thriller dramatique? La parole à l'intéressé: " Ce quej'aime, c'est raconter une histoire quiparle aux gens. J'espère, à travers cefilm, leur faire passer un bon moment, lessurprendre, les intéresser, mais aussi lespousser à se poser des questions, às'intéresser à eux-mêmes. Si La Boîte Noire peut seulement aider les gens àprendre conscience qu'il y a en eux uneboîte noire et qu'elle contient probablementce qui peut les gêner dans leur vie,alors j'en serai très heureux. J'ai enviede leur donner quelques modestes moyens pour découvrir leurs propresclefs, et peut-être se libérer d'une partie de leurs souffrances. Jusqu'à présent, les témoignages que j'ai eus me confortent, particulièrement chez les jeunes qui sont très sensibles aux thèmes du film. Tout ce que j'ai vécu m'a servi à structurer ma pensée, à devenir un vrai réalisateur. J'ai l'impression, la sensation, que j'ai enfin trouvé ma vraie forme d'expression. C'est quelque chose que j'avais en moi depuis toujours. "