Roberto Benigni explique que Le Tigre et la neige est né d'une forte envie : "Les films sont beaux quand l'idée ne vient pas d'un fait précis, mais quand il s'agit d'une véritable envie. Ce film traite des sentiments et du désir. Le protagoniste est prêt à livre son combat pour l'amour dans un pays en guerre. La guerre en Irak, aujourd'hui, c'est la représentation de tous nos cauchemars. Pour moi, ce phénomène constituait un décor idéal pour décrire la folie de cet amour, comme dans les contes d'autrefois. Le film est né d'un désir immense, faire une histoire d'amour qui fasse rire et pleurer. Il n'y a rien de plus noble que l'amour."
Quand on lui demande de définir son film, Roberto Benigni s'exclame avec enthousiasme : "C'est sans hésitations un film sur l'amour ! Un amour, comme le dit Racine, qui serait une bête féroce qui se colle à ton dos, te dévore et t'emporte avec la violence d'un cheval emballé. Le personnage est guidé par la folie : il aime cette femme et va en Enfer pour elle. Comme Orphée qui cherche Eurydice aux enfers, comme "La Belle au bois dormant", comme dans tous les contes où l'homme doit surmonter toutes sortes d'épreuves pour sauver son aimée."
Le Tigre et la neige met en opposition, à traver son héros, le pouvoir universel de la poésie et le pouvoir de destruction de la guerre. Roberto Benigni explique : "Dans la séquence du check-point, entre Attilio et les soldats américains, la guerre et la poésie se côtoient. Il s'agit de deux univers tellement lointains que personne ne comprend ce qui se passe. La poésie a quelque chose de léger, c'est la grâce même, à l'inverse de la guerre. Oscar Wilde disait que la guerre symbolise une vulgarité qui naît dans le coeur même des hommes. Ici, dans le film, la vulgarité et la grâce se confondent. (...) Dans le film, la langue n'est pas un obstacle. Tout le monde parle symboliquement le même langage. Pour moi, quelqu'un qui entretient un rapport poétique avec le monde peut être compris n'importe où."
C'est en regardant la télévision intalienne que Roberto Benigni décida d'engager Jean Reno pour Le Tigre et la neige. Et pour une raison toute simple : dans l'émission, il vit l'acteur déclarer vouloir travailler avec lui ! Une rencontre à Paris suffit pour que Jean Reno accepte de jouer dans le film. A son sujet, Benigni déclare : "Jean Reno est un des visages les plus cinématographiques que j'aie jamais vu. Quoi qu'il fasse, même dans la réalité, ça devient du cinéma. Je suis resté ébahi par la puissance et la force de son visage et de son regard, c'est une chose rare ! Pour lui qui a toujours fait des films d'action, ce personnage de poète, si perdu, est à l'opposé de ses personnages d'hommes forts. Cependant, Fouad est probablement le personnage le plus fort et le plus puissant qu'il ait jamais interprété."
Roberto Benigni a appelé son personnage Attilio en hommage au poète italien Attilio Bertolucci, père des cinéastes Giuseppe et Bernardo Bertolucci, décédé en 2000.
Outre sa compagne Nicoletta Braschi, Roberto Benigni continue de travailler, pour Le Tigre et la neige, avec certains de ses fidèles collaborateurs. Parmi eux, le compositeur Nicola Piovani et le scénariste Vincenzo Cerami.
Avec Le Tigre et la neige, Roberto Benigni poursuit sa collaboration avec sa compagne Nicoletta Braschi. Le cinéaste, qui a fondé avec elle la société Melampo Cinematografica, l'a fait jouer dans nombre de ses films, parmi lesquels Le Petit Diable, La Vie est belle ou Pinocchio.