Louis Kahn avait une vie à l'image de ses édifices, chargée de mystère. Parallèlement à sa vie avec sa femme Esther et sa fille Sue Ann, il menait une vie secrète. Deux autres femmes et les enfants qu'elles lui avaient donnés partageaient sa vie. Nathaniel Kahn explique que grâce au film il a pu démêler l'enigme qu'était son père. Même s'il reste énigmatique et mystérieux, il n'est plus un personnage à moitié mythique. J'ai compris que c'était un homme qui a eu un début, un milieu et une fin. Le film, à sa façon, pose la question : peut-on comprendre quelqu'un après sa mort ? Je crois que la réponse est oui."
Oeuvre magistrale réalisée par Louis Khan, le complexe Dhaka (au Bengladesh), qui signifie "ville des mosquées" est un monument gigantesque qui a nécessité 23 ans de travail. Construction d'envergure, le complexe Dhaka est avant tout une aventure humaine aussi bien pour son instigateur que pour la population locale. Nathaniel Kahn confie à ce propos que "c'est une oeuvre qui arrache les exclamations. C'est une belle histoire : un architecte juif va dans un pays musulman, s'immerge totalement dans sa culture et comprend immédiatement que la mosquée est leur référence architecturale. L'amour qui a grandi entre les musulmans et cet architecte juif se sent vraiment."
Pour réaliser le documentaire Nathaniel Kahn a recherché des documents au Musée d'Art Moderne qui possède une collection de films tournés par Hans Namuth et Paul Falkenberg. Parallèlement à ces recherches, cinquante bobines de film lui ont été livrées, il confie : "(...)ce fut un matin de Noël ! Un autre réalisateur aurait sans doute selectionné des bouts de film où Lou parle si bien d'architecture. Mais ce qui m'intéressait, c'était sa façon de bouger, de marcher, de parler; je voulais capter ces moments où il semble perdu, toutes choses qui révèlent sa personnalité."
Le visage de Louis Kahn avait été brûlé et gravement marqué par cet évènement, son fils Nathaniel Kahn déclare à propos d'une scène où le visage de son père est filmée en gros plan : "Pour moi c'est mon père ! C'est l'image saillante de Lou; il venait de cet îlot estonien - où il fut grièvement brûlé au visage quand il était enfant, où il s'était défiguré lui-même - et son médium préféré était le charbon de bois !"
My architect a été récompensé par la Médaille d'argent du meilleur documentaire de long métrage en 2003 ainsi que par le Prix du Public au festival international de Philadelphie. De plus, le film a été nominé à l'Oscar du meilleur documentaire en 2004.