Tout près du sol : les secrets du tournage

Carole Laure explique comment elle a eu l'idée de réaliser un film autour de la danse : "Tout près du sol s'est construit en réaction à mon premier film [Les Fils de Marie, sorti en 2003]. Après un sujet qui se déroulait la plupart du temps dans des intérieurs et une caméra qui ne bougeait pas beaucoup, j'ai eu envie d'un film sur le mouvement et la musique. Un film rythmé par des séquences courtes, où la caméra serait rarement fixe (...) Aucun autre sujet ne correspond mieux à cette idée de mouvement que le portrait d'une adolescente (...) Mon film essaie de suivre cet état de révolution permanente. J'ai ensuite nourri mon intrigue par des lectures de faits divers ou d'études sur les jeunes gens qui fuguent et se retrouvent dans la rue. J'adore imaginer des personnages qui s'en sortent. J'aime que l'instinct de vie l'emporte."

Tour près du sol a été présenté en 2004 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Semaine de la Critique. Le premier film de Carole Laure, Les Fils de Marie, avait déjà été projeté dans cette section, en 2002.

Tout près du sol est le premier film dans lequel apparaît Clara Furey, fille de Carole Laure et du chorégraphe et réalisateur Lewis Furey. Diplômée des Ateliers de danse moderne de Montréal, elle se destine à une carrière de danseuse. La jeune fille, qui a participé au choix des chorégraphes du film, revient sur cette première expérience de comédienne : "Sur scène, je maîtrise tout. Là, je savais que quelqu'un d'autre allait choisir les prises, et puis la caméra captait des parties de mon corps. Quand tu danses, le public voit tout. Là, ma performance était découpée. Je m'y suis habituée et j'ai apprécié le fait d'avoir plusieurs prises, plusieurs choix. J'ai travaillé le rôle sans avoir d'outils d'actrice. Ce que je voulais, c'était vraiment ressentir les émotions."

Avant de signer Tout près du sol, Carole Laure, par ailleurs chanteuse, avait déjà participé, en tant que comédienne, à des films qui accordent une large place à la danse, en particulier Fantastica en 1980, adaptation à l'écran, par son cinéaste-fétiche Gilles Carle, du spectacle créé par son époux Lewis Furey et, en 2000, Rats and Rabbits, réalisé par Furey.

Les scènes de danse représentent environ 40 minutes du film. Pourtant, Carole Laure explique qu'il ne s'agit pas d'une comédie musicale. Son souhait était "que les moments de danse n'interrompent jamais l'histoire". Elle poursuit : "Tout près du sol n'est pas une comédie musicale mais un film en mouvement -à la fois psychologique et physique- où le langage corporel est mis en avant. Et dans ce cadre, la danse se devait d'être un élément moteur pour faire avancer l'histoire."

Ami de longue date de l'actrice-réalisatrice, Jean-Marc Barr tient un rôle secondaire dans Tout près du sol. Il incarnait l'un des personnages principaux du premier long-métrage de Carole Laure, Les Fils de Marie, sorti en 2003. Ce film était co-écrit et co-produit par le complice de Jean-Marc Barr, Pascal Arnold (ils ont co-réalisé la "Free trilogy" Lovers-Too Much Flesh-Being light), qui est co-producteur de Tout près du sol. Arnold était par ailleurs le co-scénariste de la comédie musicale de Lewis Furey avec Carole Laure, Rats and Rabbits.

Carole Laure, qui n'a pas souhaité jouer dans son film (contrairement aux Fils de Marie, son premier long-métrage) revient sur son travail avec les comédiens : "Je considère déjà qu'énormément de choses se jouent au casting, dans le choix des personnes qui vont vous accompagner dans cette aventure (...) sur le plateau, j'aime que l'on me fasse des propositions. Et si un acteur ne sent pas tel ou tel détail, je le modifie (...) Actrice, j'ai été trop souvent frustrée quand on m'expliquait ce que je devais faire avant même d'avoir eu le temps d'émettre la moindre proposition. Il ne faut jamais perdre de vue que c'est l'acteur qui détient dans ses mains le moment de vérité d'un film ! Et c'est au réalisateur d'être capable d'aller le chercher !"

Pour travailler son personnage, Clara Furey a beaucoup écouté de musique : "(...) il fallait d'abord que je trouve le feeling, la gestuelle, et après je mettais les mots", confie-t-elle. Parmi les disques qui l'ont inspirée, elle cite un album instrumental du groupe Nine Inch Nails, la bande originale des Sentiers de la perdition, un artiste dance baptisé Elephant man ou encore des morceaux de Steve Reich.