Tourné début 2004 pendant la commémoration du bicentenaire d'Haïti, Haïti : la fin des chimères ? offre un éclairage inédit sur les derniers jours à la présidence de Jean-Bertrand Aristide, un ancien curé des pauvres devenu "apprenti-dictateur". Ce documentaire se veut être "une réflexion sur l'histoire de la première république noire au monde, une nation partagée entre la mémoire de sa révolution glorieuse et la tragique litanie de despotes qui l'accablent depuis son indépendance.
A travers les témoignages qu'il a recueillis, le réalisateur Charles Najman a cherché à faire découvrir et comprendre Haïti au spectateur, sa situation actuelle fragile et "son avenir incertain, tout en affirmant la valeur, symbolique et politique, de son passé méconnu". Faisant parti des territoires coloniaux de la France au XVIIIe siècle, ce pays est en effet le premier dans toute l'histoire de la colonisation à s'être libéré de l'esclavagisme par ses propres moyens, suite à une révolte d'esclaves en 1804. Haïti est ainsi devenue la première république noire au monde, près d'un demi siècle avant la création du Libéria en 1847. Avec la bénédiction des Etats-Unis, ce pays a été fondé par d'anciens esclaves noirs.
La chute de Jean Bertrand Aristide marque la fin d'un cycle politique : le départ de Jean-Claude Duvalier, alias "Bébé Doc", qui dirige sans partage Haïti de 1971 à 1986, l'espoir démocratique avec l'élection d'Aristide en 1990, au désarroi de la population soumise au chaos politique, à la corruption du pouvoir et à une crise économique sans précédent.
Le réalisateur Charles Najman a choisi d'articuler son documentaire selon trois "axes". Le premier suit les habitants de "Village Démocratie", ancienne prison duvaliériste qu'Aristide, à son retour d'exil en 1994, voulait transformer en "salon du peuple". Des partisans d'Aristide racontent leur déception et la situation misérable dans laquelle ils survivent. Le second montre les étudiants de la Faculté des Sciences Humaines, qui ont été à l'avant-garde du mouvement de contestation envers Aristide, se réunir et s'interroger sur l'avenir du pays. Le troisième et dernier axe s'inscrit au coeur du "système Aristide" avec les "Chimères", milices armées du pouvoir, qui vivent à Cité soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince.
De nombreux films et documentaires ont été consacrés à l'histoire, proche ou lointaine, d'Haïti. Parmis eux se trouvent le documentaire Quelles prisons pour Haiti, qui dresse un état des lieux accablants des prisons haïtiennes. Haiti, le chemin de la liberte en 1974 retrace l'histoire des habitants de l'île. Le réalisateur Jonathan Demme s'est quant à lui beaucoup impliqué : outre un documentaire réalisé en 1987, Haïti, a Dream of Democraty, il a réalisé en 2002 Jean Dominique, the agronomist, portrait d'un haïtien -et ami- militant des droits de l'homme assassiné.