En situant son intrigue dans une petite bourgade en pleine campagne, Saint-Basile-le-Grand, le réalisateur avoue avoir cherché à explorer le racisme dans un endroit où, selon ses propres termes, "il n'y a pas beaucoup de raisons d'y en avoir". Et d'ajouter : "Le racisme se conçoit plus souvent en ville. (...) Mais là, à la campagne, c'est un racisme abstrait, moins cliché, et cela permet donc de mieux le voir. C'est assez dingue ce que font les gars dans mon film, on décèle bien les ficelles du racisme".
Robert Morin, le réalisateur, s'exprime: "Mon film n'est pas destiné à conforter les opinions des gens qui militent contre le racisme ou à féliciter ceux qui, sans nécessairement militer, se comportent de façon égale avec les gens de toutes les provenances. Mon film s'adresse aux autres, aux frustrés, aux ignorants, à ceux qui cherchent à excuser sur l'étranger tout le pouvoir qu'ils n'ont pas dans le quotidien parmi les leurs. C'est pour eux qu'au Canada le film s'appelle "Le Neg". C'est le terme utilisé chez ces gens, malgré les efforts faits par une grande partie de la population pour transformer ce vocabulaire à connotation péjorative."
En 1977, Robert Morin fait partie avec Lorraine Dufour, également productrice du film, des huit fondateurs de la "COOP VIDEO" de Montréal, un regroupement collectif de créateurs qui ont décidé de travailler en marge du milieu cinématographique Québécois, afin de laisser une plus large place à la créativité et à l'audace.