Pas moins de trois films de Kim Ki-duk sont sortis en France en 2004 : le contemplatif Printemps, été, automne, hiver... et printemps en avril, puis un film d'espionnage peu banal, The Coast guard (que le réalisateur avait tourné en 2002), début septembre, et enfin le drame social Samaria en octobre. En outre, le prolifique Coréen, qui a signé dix films en seulement huit ans, a présenté cette année à la Mostra de Venise Fer 3, pour lequel il a reçu le Lion d'argent de la meilleure réalisation.
Présenté au Festival de Berlin en 2004, Samaria a valu à Kim Ki-duk l'Ours d'argent de la Meilleure réalisation.
Le cinéaste précise ses intentions : "En Corée, lorsque vous regardez les informations à la télévision, les faits sont pratiquement toujours relatés de la façon suivante : les hommes qui sont coupables sont représentés comme des êtres diaboliques, et les filles sont traitées comme de pauvres victimes innocentes. Certains hommes se sont véritablement suicidés à cause de ce genre de scandale. Dans mon film, j'ai voulu interpréter cela de manière différente. J'ai cherché à donner les raisons qui avaient poussé ces hommes à agir de la sorte et à moins montrer les filles comme des victimes."
Le cinéaste revient sur la violence de certaines scènes de ses films : "Cette violence que l'on voit dans mes films représente une partie de la réalité de la société coréenne. Je n'invente rien. La plupart de mes scénarios s'inspirent de ma propre expérience (...) Concernant les scènes de claques de Samaria, j'ai dû m'en donner une à moi-même (...) pour leur montrer l'exemple. Je leur demande ensuite si ça leur pose un problème de faire la même chose. M'ayant vu agir de la sorte, ils se sentent obligés d'en faire autant."
Le cinéaste répond aux accusations de sexisme formulées par certains spectateurs : "Lorsque le film Bad guy est sorti en Corée, un journal féministe a créé un site Internet "anti-Bad guy". Je comprends très bien pourquoi elles le prennent mal, mais je pense que si elles y regardent de plus près, elles changeront peut-être d'avis. Je n'ai jamais décrit les femmes comme étant inférieures aux hommes. Au contraire, je pense que les femmes sont précieuses, belles, géniales... Sur le site officiel de Bad guy, 70% des fans étaient des femmes. Je pense que le public féminin est plus réceptif à mes films."
Le thème de la prostitution est récurrent dans l'oeuvre de Kim Ki-duk. Dans Birdcage Inn, son troisième film, le cinéaste coréen contait déjà le parcours d'une jeune prostituée qui arrive dans une auberge et bouleverse la vie de ses habitants, puis dans Bad guy, il décrivait la relation complexe entre un gangster proxénète et une jeune étudiante.
A la suite des difficultés qu'il a rencontrées dans le passé pour trouver des financements, Kim Ki-duk a choisi de produire lui-même Samaria. Il a renouvelé cette éxpérience pour son film suivant, Fer 3. Par ailleurs, pour des raisons de budget, le cinéaste choisit souvent des comédiens non-professionnels : c'est le cas deux comédiennes principales de Samaria.
Réalisateur et producteur, Kim Ki-duk est également scénariste, monteur et chef-décorateur de Samaria.