Comme Je vous aime en 1980 ou Une femme de ménage -le précédent film de Claude Berri-, L'un reste, l'autre part a pour thématiques le couple, la rencontre amoureuse et la rupture : "C'est un film sur le temps qui passe, sur l'usure du couple, sur la difficulté et la culpabilité que l'on éprouve à vouloir changer sa vie. Mais c'est aussi l'exaltation d'une rencontre qui vous régénère. J'avais déjà abordé ce thème dans Je vous aime : Catherine Deneuve nous faisait vivre successivement le bonheur des débuts en amour, et la douleur des séparations. Partir ? Rester ? Là est le dilemme de mes deux personnages masculins. L'un va rester, l'autre va partir, d'où le titre du film. En fait, ils sont les deux facettes d'un même personnage."
"L'histoire de Daniel est inspirée de ma propre vie", confesse Claude Berri. L'un des fils du réalisateur-producteur -le comédien Julien Rassam- est devenu tétraplégique, non pas à la suite d'un accident de moto comme dans le film, mais après être tombé du troisième étage de l'hôtel Raphaël, en 1998. Il est décédé le 3 février 2002 -un dénouement tragique qu'on ne retrouve pas dans L'un reste, l'autre part. "Dans le film, je fais revivre la mère de mes enfants et mon fils aîné", explique le metteur en scène. La mère, c'est Anne-Marie Rassam, première femme de Claude Berri, interprétée dans le film par Miou-Miou (que le réalisateur avait déjà dirigée dans Germinal). Atteinte de maniaco-dépression, elle s'est suicidée en 1997 après plusieurs années de souffrance. Enfin, on peut reconnaître dans le personnage de Judith (qu'incarne Charlotte Gainsbourg) la troisième compagne de Berri, Nathalie Rheims -qu'il a rencontrée le lendemain de l'accident de Julien Rassam. Le réalisateur relate dans son film les conséquences de cette rencontre : sa douloureuse rupture avec sa seconde femme, Sylvie, et le conflit avec leur fils, Darius.
Parallèlement à l'histoire de Daniel, Claude Berri conte, sur un ton plus léger, celle d'Alain (Pierre Arditi) qui trompe sa femme (Nathalie Baye) avec la jeune Farida (Aïssa Maïga). Cette partie du film est également inspirée de faits réels, mais ceux-ci ne concernent pas Claude Berri : "J'ai eu la chance qu'un ami me raconte, avec beaucoup d'humour, ce que lui-même avait vécu, avec une fin à l'inverse de la mienne. Ce qu'il m'a raconté, j'aurais eu du mal à l'inventer. Je tenais mes deux histoires, j'ai pu alors écrire le scénario."
Ce n'est pas la première fois qu'un film de Claude Berri est inspiré de l'expérience personnelle du réalisateur. Dans son premier long-métrage, Le Vieil homme et l'enfant (1967), il évoque les premières années de sa vie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Le cinéaste joue le rôle principal, celui de Claude Langmann (son vrai nom), dans ses films suivants : Mazel Tov ou le mariage, Le Pistonné ou encore Le Cinéma de papa, qui relatent différents épisodes de sa vie. Après avoir tourné plusieurs adaptations littéraires, il revient en 1999 à une veine autobiographique avec La Debandade. En 2003, le réalisateur publie Autoportrait, un ouvrage dans lequel il mêle souvenirs, impressions et anecdotes, dans une forme romanesque.
Dans son livre Autoportrait, Claude Berri évoque l'idée de ce film. Il en parle à sa psychanalyste en juin 2002, alors qu'il est en pleine dépression, quelques semaines après le décès de son fils Julien Rassam. Voici ce qu'il écrit : "J'explique à Madame Cerf que je n'ai pas d'idée pour un prochain film. Sauf une. Encore un film personnel : L'un reste, l'autre part. C'est l'histoire de deux hommes mariés qui rencontrent chacun une autre femme. L'un va rester, l'autre va changer sa vie. Il faut que je l'écrive, mais j'en suis incapable actuellement. Par moments je doute de pouvoir refaire un film. Je passe mes journées à tuer le temps, en attendant dix-huit heures où je commence à aller beaucoup mieux. Je me détends en regardant Hollywood stories sur Paris Première. Les soirées et les nuits sont bonnes. Quand Nathalie [Rheims] est près de moi, c'est le bonheur. Elle est ma raison de vivre, mon rayon de soleil."
L'un reste, l'autre part marque la première apparition à l'écran de Nicolas Lebovici, le fils de Gérard Lebovici. Créateur de l'agence artistique Artmedia, fondateur de la maison d'édition Champ libre, proche du mouvement situationniste, Gérard Lebovici est une figure mythique du cinéma français des années 70. Il a été retrouvé assassiné dans un parking de l'avenue Foch le 5 mars 1984 - un meurtre qui reste inexpliqué. Le cinéaste explique ce choix de casting : "Je connaissais très bien Gérard Lebovici, et je suis resté très lié à ses enfants. Un jour Nicolas, l'un d'eux, est venu me voir au bureau. Nous avons parlé de l'entendre, et je me suis rapidement dit qu'il pouvait jouer le personnage de Julien. Comme il est pianiste, j'ai modifié le scénario. Le film s'ouvre sur un récital qu'il donne devant ses parents réunis pour l'occasion."
Deux scènes de L'Un reste l'autre part sont directement inspirées de l'expérience personnelle de Claude Berri. Il s'agit tout d'abord de la rencontre de Daniel et Judith : comme dans le film, le cinéaste a fait la connaissance de Nathalie Rheims -celle qui allait devenir sa nouvelle compagne- juste après avoir appris que son fils avait été victime d'un accident. L'autre séquence totalement autobiographique est la violente dispute entre Daniel et Cédric, son fils, qui n'accepte pas la séparation de ses parents.
On note l'apparition, dans son propre rôle, de Michaël Youn. Dans une séquence de L'un reste, l'autre part, des personnages assistent au spectacle de l'humoriste et vont le féliciter à la fin du show. Les comiques font depuis longtemps partie de l'univers de Claude Berri, qui a réalisé plusieurs films avec Coluche (Le Maitre d'école, Tchao Pantin), mais aussi produit les longs-métrages des Inconnus (Les Trois Frères), Josiane Balasko (Gazon maudit) ou encore Alain Chabat (Didier) - celui-ci avait d'ailleurs été pressenti pour tenir le rôle d'Alain dans L'un reste, l'autre part.
Après lui avoir offert le rôle déterminant d'Ugolin dans la saga Jean de Florette-Manon des Sources en 1986, puis celui du résistant Raymond Aubrac dans Lucie Aubrac (1997), Claude Berri a de nouveau choisi Daniel Auteuil pour interpréter l'un des rôles principaux de L'Un reste, l'autre part. Quant à Nathalie Baye et Pierre Arditi, ils étaient déjà mari et femme dans De guerre lasse de Robert Enrico (1987).
La chanson du générique de fin, qui s'intitule également L'un reste, l'autre part, a été composée par Frédéric Botton, qui avait signé la musique d'Une femme de ménage, et les paroles sont de Nathalie Rheims, écrivain et compagne du réalisateur - elle est également productrice associée du film. Cette chanson est interprétée par Charlotte Gainsbourg, dont on entendait déjà le filet de voix dans Charlotte for ever, réalisé par son père Serge en 1986 et dans Love etc. de Marion Vernoux.
Claude Berri a de nouveau choisi le chef-opérateur Eric Gautier, avec qui une grande complicité s'était nouée sur le tournage de son précédent film Une femme de ménage. Le directeur de la photo est d'ailleurs crédité au générique de la manière suivante : "image et collaboration artistique". Gautier est l'un des chefs-opérateurs les plus réputés du cinéma français Carnets de voyage, Clean et Rois et reine.
Le rôle de la belle-soeur de Daniel est tenu par la cinéaste Noémie Lvovsky, une complice de longue date de Claude Berri : la réalisatrice de La Vie ne me fait pas peur avait fait ses débuts des comédienne dans Ma femme est une actrice (également dans le rôle d'une soeur haute en couleur), film d'Yvan Attal produit par Berri. D'autre part, celui-ci a financé Les Sentiments, troisième long-métrage de Lvovsky (avec... Nathalie Baye). Ajoutons que, quelques semaines avant la sortie de L'un reste, l'autre part, on pouvait voir Lvovsky dans Rois et reine d'Arnaud Desplechin : elle y incarne... l'irascible soeur de Mathieu Amalric.