« Who are those guys ? »
Démarrant, durant le générique, sur un vieux film muet (dont je n’ai pas trouvé trace), ce Butch Cassidy and the Sundance Kid (ce nom désignera plus tard le festival de films indépendants dirigé par Robert Redford) est un classique. Pourquoi ? Analysons.
Il y a d’abord la caméra particulièrement inventive de George Roy Hill, avec ces deux fabuleux plans séquences de la partie de poker du début, dans lesquels Redford donne directement le meilleur de son jeu dans une maîtrise parfaite du noir et blanc/sépia avant de passer à la couleur. La transition entre la première et la deuxième partie, un peu après une heure, est l’occasion d’un habile montage de photos d’époque et d’images recréées à la perfection. Rappelons que nous sommes en 1969, c’est-à-dire en -21 avant Photoshop !
Durant la première partie, le film s’étire sur une bonne demi-heure en une fresque haute en paysages magnifiques, en scènes plutôt cocasses, histoire de planter le décor et les personnages. C’est assez classique mais c’est aussi plutôt enlevé.
Quand s’engage la traque, alternance de panoramas splendides et de gros plans psychologiques, ponctuée par une musique (Burt Bacharach) tout sauf parasite, presque absente, ce qui accroît la sensation de lenteur, le couple Butch/Sundance, poor lonesome cowboys inséparables, le premier bavard, hâbleur voire naïf, le second taciturne, méfiant et sobre, se renforce. S’y joindra bientôt Etta (Katharine Ross), la petite amie de Sundance mais aussi très proche de Butch, pour un trio de fugitifs magnifiques. « J’ai 26 ans, je suis célibataire et institutrice. Il n’y a rien de pire » dit-elle en acceptant de suivre les deux hommes.
Au final, on pourra déplorer que le scénario se perde un peu en route mais ce film propose une comédie dramatique originale à l’humour raffiné, soutenue par une BO imparable et discrète ainsi que par des dialogues rares mais percutants, portés par trois excellent·es interprètes. Le sens novateur de la réalisation permet de le ranger au rayon des classiques… malgré la lenteur réelle de l’ensemble.