En 1969, George Roy Hill réunissait pour la première fois deux trublions : l'homme aux yeux verts et l'homme aux yeux bleus, l'homme loin des caméras et le créateur du festival Sundance, soit l'impropable duo Paul Newman/Robert Redford, qui se retrouveront quatre ans après pour les besoins de "L'arnaque" du même George.
Complètement ancrée dans l'Histoire des Etats-Unis et basée sur des faits réels, cette narration des deux célèbres bandits Butch Cassidy et Sundance Kid sonne agréablement juste dans l'évocation de la fin de l'Ouest américain. Surfant sur le classicisme de John Ford, George Roy Hill en fait un western crépusculaire en incluant images d'archives et petite musique accompagnant cette évocation (à travers une brumatisation) de l'Histoire de l'Amérique vue et lue dans le regard de Redford et Newman.
La musique, bien que très bien ancrée dans le contexte américain d'époque, est aujourd'hui obsolète. Dans la BO, la seule chanson qui m'ait attirée, c'est la ballade "Raindrops keep fallin' on my head" (composée pour le film !!!) qui sera reprise la même année en français par Sacha Distel sous le titre "Toute la pluie tombe sur moi", puis par Monsieur Eddy tout récemment.
La photographie, tout en nuances, appuie bien la marque du western crépusculaire dans une brume on ne peut plus surprenante, ainsi que dans le genre classique, bien ancrée dans la manière dont le soleil est filmé. Conrad L. Hall récoltera ainsi son seul Oscar de sa carrière. Il avait déjà rencontré Newman sur "Luke la main froide" de Stuart Rosenberg. Conrad aura aussi travaillé sur "American beauty", "Marathon man" et "Duel dans le Pacifique" de Boorman notamment.
"Butch Cassidy et le Kid" est ausi marqué par un montage frénétique alliant poésie et violence.
Les dialogues, mouchants, sont très bien écrits.
Dans l'interprétation, hormis notre tête d'affiche (Robert et Paul), on retiendra une Katharine Ross (élevée au rang de star en 1968 pour son rôle dans "The graduate" de Mike Nichols au côté du jeune Dustin Hoffman) épatante, à l'opposé de sa féminité, montrant ainsi une vrai part de masculinité dans son jeu d'acteur.
Pour terminer, "Butch Cassidy et le Kid" est un petit chef d'oeuvre à classer parmi les westerns, entre les Leone et "Les 7 mercenaires". Un petit classique qui fit son temps. Habemus papam, Monsieur George...