Le réalisateur Jean-Claude Jean a eu l'idée de faire ce film sur les prostituées d'Europe de l'Est en en rencontrant une... à Cannes, en 2002 ! Cette inconnue blonde était "pieds nus et vêtue d'une simple robe d'été. Elle ne racolait pas, elle ne regardait personne, elle était là, comme parachutée. Et ce qui était étonnant, c'est que malgré sa beauté personne ne le remarquait. Elle était dans une sorte de no man's land, comme les anges du film Les Ailes du désir de Wim Wenders, elle était à la fois proche et invisible. Absente, elle semblait transparente."
Jean-Claude Jean poursuit : "Je n'ai pas voulu faire un film sur les réseaux, sur la mafia ou le fric, juste montrer quelques unes de ces milliers de jeunes filles seules, égarées, oubliées d'une partie du monde."
Le réalisateur Jean-Claude Jean explique : "Je ne voulais pas parler de jeunes prostituées, mais des jeunes femmes qui vont le devenir. Dans l'inconscient collectif, une femme n'est plus intègre dès lors qu'elle s'est vendue, qu'elle est devenue une prostituée. Bien sûr, elle peut nous amener à la compassion et la pitié mais pour beaucoup elle est "passée" de l'autre côté. Je désirais susciter un autre regard sur ces femmes, parce qu'avant d'être prisonnières de l'engrenage, elle sont des jeunes filles comme les autres..."
Geneviève Fraisse, philosophe et députée européenne, met en parallèle l'histoire de Vendues et sa propre expérience politique : "Le film de Jean-Claude Jean accompagne le parcours de ces femmes, de l'Est vers l'Ouest de l'Europe. Par delà le réalisme de la fiction, c'est une expression du réel. Effets de vérité garantis. Je connaissais le scénario, raconté mille fois lors de débats parlemantaires volontairement répétés et de voyages dans les pays d'origine, candidats ou non candidats à l'entrée dans l'Europe. Mais je n'avais pas suivi les histoires singulières restituées par ce film. La fiction m'a redonné la chair de ces discussions et de ces voyages parlementaires. La finesse et la délicatesse d'une analyse des violences, objectives et subjectives, traversées par ces jeunes femmes s'ajoutent à l'émotion. Merci."