Une démonstration de mise en scène, pour un film coréen qui relance le genre souvent tombé dans les bassesses des clichés très récurent dans le thriller.
Le film pose des questions et une vision particulière de la justice, avec une scène finale à couper le souffle, mais surtout remet en cause notre éligibilité à juger, à chercher le tueur en même temps que les inspecteurs chargés de l'affaire.
Ce rapport du spectateur, persuadé de savoir, persuadé de croire au jugement des enquêteurs, est remit en cause, dans le dernier plan du film,17 ans passé les événements, dans le regard caméra du personnage principal, et cette dernière ligne de dialogue:"ordinaire". Et si le meurtrier était ordinaire, caché dans la foule, masqué par ce qui a de plus normal. Alors que l'enquêteur suit son instinct, dans le regard, en sachant par un regard reconnaître la culpabilité ou non d'un suspect, ici le regard caméra vers nous remet tout en cause. Le meurtrier aurait pu être n'importe qui, et même un spectateur lambda, ce que nous sommes.
Tout ceci est amené par le choix du cinéaste, qui réfléchit sur le mouvement de sa caméra, par exemple lors des interrogatoires, la caméra se situe centré entre l'interrogé et l'interrogateur, pour accentuer l'immersion.
Rien ne va trop vite, rien n'est forcé. Un film dur, filmé dans la délicatesse. Un must du genre.