Syriana, 2006, de Stephen Gaghan, avec George Clooney (agent de la CIA), Matt Damon (le jeune expert basé à Genève, dont le fils meurt) et Jeffrey Wright (l’avocat black). Coproduit par George Clooney. C’est, au prétexte d’un polar terriblement compliqué, un film qui donne énormément à réfléchir. Beaucoup de personnages, de nombreuses situations (géographiques, sociales, professionnelles, familiales) et un brun de psychologie (lien père/fils – le petit garçon électrocuté dans une piscine, les Princes arabes, faux frères en attente de la couronne du père, le père et le fils, pauvres ouvriers pakistanais, esclaves licenciés lors du changement de titulaire des droits de forage etc.). Mais on ne s’ennuie pas un instant pendant 2h10. Le film pose plus de questions qu’il ne fournit de réponses et il est probable qu’on peut le voir plusieurs fois avec différents niveaux de compréhension. Un vrai puzzle. Tous les ingrédients actuels de la situation au Moyen-Orient sont réunis pour tenter d’approcher les tenants et aboutissants des liens pervers entre les pétroliers américains (cf. famille Bush) et les princes arabes, les services secrets capables d’assassinat (ici, le prince arabe réformiste), l’enrôlement de jeunes musulmans par les intégristes (ici le jeune ouvrier pakistanais sans espoir, qui mènera un attentat suicide contre un destroyer américain), les multiples entreprises qui gravitent autour du lobby du pétrole (juristes, experts en ressources énergétique etc.). Dans Lord of war, Eisenhower disait qu’il ne fallait pas laisser les industriels dicter la politique au gouvernement des Etats Unis. Là, on voit que c’est malheureusement les marchands d’armes dans un cas, les industries pétrolières dans l’autre, qui dictent la politique aux politiques. Effrayant.