Dans son court métrage Le Centre du monde, Djibril Glissant prennait déjà pour cadre Saint-Denis. Depuis, le jeune réalisateur voulait faire un film lié à la ville mais ne trouvait pas d'angle d'approche qui le satisfasse. C'est lors d'une soirée vaudou organisée par un cinéma de la ville qu'il trouve sa réponse. Il assiste ce soir là à la projection de Vaudou, de Jacques Tourneur et est tellement marqué par le film qu'il peine à trouver le sommeil la nuit ... "J'ai vu des panthères noires qui couraient dans la cour de mon immeuble, j'ai vu une jeune fille qui sautait sur les toits, un jeune homme qui filait sous les grands ponts des quais du canal".En se réveillant le lendemain, le jeune réalisateur voit sa ville d'un oeil nouveau et sent naître un lien entre la cité et ses rêves de la nuit."J'ai senti que c'était par ce biais qu'il fallait aborder ce film sur Saint-Denis, le biais des contes nocturnes".
Djibril Glissant s'est inspiré lors de l'écriture de L'Eclaireur d'une histoire de Saint John Perse, qu'il a transposé à l'époque contemporaine. Pour résumer l'esprit général de son film, le réalisateur cite ce court récit :"En Malaisie, un jour, on m'a cité cette croyance d'une tribu aborigène de Bornéo : l'homme libère chaque soir son "double" qui, sous la forme d'un très honorable singe, va perpétrer toute la nuit les plus extrêmes et belles entreprises auxquelles le pauvre esclave diurne n'a pas accès ; mais il est interdit, en plein jour, d'évoquer jamais la moindre liaison entre les deux êtres. Je souscris des deux mains à un tel acte de foi."
Lors de l'écriture préliminaire du scénario de L'Eclaireur, Djibril Glissant s'était focalisé sur l'histoire d'Aton et de l'ombre qui le poursuivait. Mais il s'est rendu compte que cette histoire mettait en scène un "fantôme de [son] adolescence, un fantôme en forme de rêve". Le récit était en effet la représentation de l'un des traumas de l'adolescence du jeune réalisateur : sa volonté permanente de s'extérioriser, d'être un autre lorsque le courage lui manquait. Voulant rendre son récit moins personnel, il a alors axé différemment son script, tissant d'autres histoires qui rentrent en résonnance avec le conte original.
Pour créer l'univers fantastique de L'Eclaireur, Djibril Glissant a puisé son inspiration auprès de personnages de la littérature comme Lestat, le vampire d'Anne Rice, le docteur Jekyll créé par Robert Louis Stevenson mais également des personnages de comic books comme Spider-Man et Daredevil.
Si L'Eclaireur est le premier long métrage de Djibril Glissant, ce n'est pourtant pas le coup d'essai du réalisateur. Déjà auteur de plusieurs documentaires et courts métrages, dont Le Centre du monde en 1998, tourné à Saint Denis et seléctionné par de nombreux festivals, il a également participé à l'écriture du scénario de Laissons Lucie faire en 1999 et occupé le poste de chef opérateur sur Vénus et Fleur en 2003.