Formellement, Les Salauds dorment en paix est un des films les plus accomplis d' Akira Kurosawa. Quelques années déjà avant le tournage de ce film, le réalisateur tournait ses longs-métrages à trois caméras, ce qui lui permettait de découper l'espace de façon géométrique, avec une grande précision : " travailler avec trois caméras simultanément n'est pas si facile que ça en a l'air. (...) Pour décrire comment les caméras A, B et C, vont bouger (...) même un découpage complet du film ne suffit pas. (...) Le système que j'utilise en général consiste à mettre la caméra A aux places les plus orthodoxes, à utiliser la caméra B pour les plans rapides, décisifs, et pour la caméra C comme une sorte de détachement de guérilla pour les interventions rapides."
Akira Kurosawa signe avec Les Salauds dorment en paix ici une critique acide de la corruption du milieu des affaires au Japon à la fin des années cinquante : " de quels méfaits certains hauts fonctionnaires, qui se cachent derrière la façade bien commode des grandes sociétés, ne sont-ils pas capables ? J'ai voulu démasquer cette race et faire un film sur la corruption de la haute finance."
Les Salauds dorment en paix, tout comme Entre le ciel et l'enfer et Chien enragé . Ces trois longs-métrages sont définis comme les films noirs d'Akira Kurosawa et témoignent d'une filiation directe avec ce genre typiquement américain. Le réalisateur était un lecteur assidu de littérature occidentale et avait une véritable fascination pour la série noire. Akira Kurosawa admirait tout particulièrement Georges Simenon.