Fortement impressionné par Le Dernier des hommes, William Fox, patron du studio qui porte son nom, fait signer en 1926 à Murnau un contrat de quatre ans et lui donne carte blanche. Tandis que sortent en salles ses deux derniers films allemands, Tartuffe et Faust, le réalisateur tourne aux Etats-Unis ce qui sera considéré comme un des plus grands films de l'Histoire du cinéma : L'Aurore, avec George O'Brien et Janet Gaynor.
Film muet, Le Dernier des hommes présente la singularité de ne comporter aucun intertitre.
Le Dernier des hommes est une des oeuvres majeures d'un mouvement artistique baptisé "Kammerspiel" (théâtre de chambre) dont le scénariste Carl Mayer est un des fondateurs. Ce courant se caractérise par des récits intimistes et une approche psychologique, à l'opposé de l'expressionnisme. La Rue sans joie de Pabst est un autre grand film du "Kammerspiel".
Le portier déchu est interprété par Emil Jannings, un des plus grands comédiens allemands d'avant-guerre. Il fut la vedette de deux autres films de Murnau, Faust et Tartuffe, et incarna le fameux Professeur Unrath dans L'Ange bleu de von Sternberg.
Sous la pression du studio UFA, qui réclamait une fin heureuse, Murnau a ajouté à son film un épilogue : on y voit un milliardaire léguer sa fortune au héros du film.
Si Le Dernier des hommes impressionna les cinéphiles à sa sortie, c'est en partie grâce au travail du chef-opérateur Karl Freund. D'origine tchèque, celui-ci collabora à dix reprises avec Murnau, puis, parti aux Etats-Unis, il signa la photographie de plusieurs films d'épouvante dont le Dracula de Tod Browning, mais également de Key Largo de Huston. Freund fut lui-même metteur en scène : il réalisa huit films dans les années 30, le plus fameux étant La Momie avec Boris Karloff en 1932.
Carl Mayer est un des collaborateurs privilégiés de Murnau. Il a en effet coécrit les scénarios de 7 longs-métrages du cinéaste allemand, notamment Tartuffe (1926) et L'Aurore (1927).
Chef décorateur et assistant réalisateur sur Le Dernier des hommes, Edgar G. Ulmer collaborera de nouveau avec Murnau sur City Girl, L'Aurore ou encore Tabou. On lui doit les décors de M le Maudit, et Ulmer passera lui-même à la réalisation, s'illustrant dans une veine noire (Detour) ou fantastique (Le Chat noir).
En 1955, le réalisateur allemand Harald Braun signe un remake du film de Murnau, également intitulé Der Letzte Mann. C'est Hans Albers, comédien très populaire à l'époque, qui joue le rôle du portier, et on note la présence de Romy Schneider au générique de ce film sorti en Allemagne quelques semaines avant Sissi.