Trois couples en quête d'orage est l'adaptation du roman homonyme publié par Lionel Duroy en 2000. Né en 1949, Duroy étudie les lettres à Nanterre avant de travailler comme journaliste, notamment pour Libération dans les années 80. Il se fait connaître comme écrivain au cours de la décennie suivante, en signant des romans à forte teneur autobiographique, tels que Priez pour nous, portrait de famille porté à l'écran en 1994 par Jean-Pierre Vergne, et dans lequel Samuel Labarthe jouait, déjà, l'un des rôles principaux.
Le cinéaste se souvient : "J'avais envie de faire un film sur les couples et les quarantenaires depuis longtemps, et en tombant sur ce livre, j'y ai trouvé tout ce dont je voulais parler. Les droits étaient déjà quasiment pris par un gros producteur, mais l'éditeur appréciait mon travail et m'a promis d'en parler à Lionel, à qui j'ai envoyé la cassette de Bruits d'amour, mon deuxième long métrage et de Julien, l'apprenti, une mini-série. J'ai fini par rencontrer Lionel qui s'est mis à me parler de Bruits d'amour dont il connaissait les dialogues par coeur (...) Il s'est visiblement senti en osmose et m'a cédé immédiatement les droits du roman. Il a tout accepté, de l'éclatement de la narration à l'envie de ne pas suivre fidèlement sa trame qui concernait à 80% Olivier, et Remy par ricochet. L'adaptation m'a quand même pris un an et demi, notamment parce que j'ai choisi de développer davantage certaines relations, comme celle de Jean-Xavier et de Pascale, d'expliciter aussi l'amitié qui lie Rémy à Olivier, avec sa part de vampirisme et d'égoïsme."
Avec une multitude de personnages principaux et de récits parallèles, Trois couples en quête d'orage s'inscrit dans la lignée des films choraux, un genre en vogue depuis le début des années 90. Jacques Otmezguine le reconnaît : "J'aime beaucoup les films choraux, en particulier Nous nous sommes tant aimés et La Terrasse de Ettore Scola et certains Fellini aussi. Ce qui est beau, c'est la circulation des gens dans un film, la manière dont l'histoire de l'un renvoie à celle d'un autre, comme dans une course de relais. Ce sont souvent des films générationnels qui gravitent autour d'un même registre. Et Trois couples... est définitivement un film de troupe."
Le cinéaste évoque le fait qu'un des personnages de son film, Olivier, est handicapé : "Ce que je voulais absolument éviter, c'est le comédien montrant combien il est formidable. Heureusement, Samuel [Labarthe] est un acteur de théâtre, un bosseur, il n'avait pas envie de prouver qu'il était un grand comédien, il voulait juste être Olivier, dans sa douleur puis dans sa capacité à réagir. Il a travaillé avec une kinésithérapeute qui s'occupe de personnes ayant ce genre de maladies, il est allé maintes fois à l'hôpital, c'était impressionnant. Et puis, l'enjeu du film n'est pas de savoir s'il va réussir à surmonter ce handicap, la rupture d'anévrisme n'est qu'un des épisodes de sa vie. On n'est pas dans Mar adentro ni dans Rain Man, que je trouve d'ailleurs insupportable (rires). J'ai beaucoup de mal avec ce genre de film parce qu'il y a une indécence à vouloir copier la réalité. Je reste aussi un homme de spectacle, je fais des claquettes donc je ne me sens pas le droit de tutoyer aussi précisément la réalité..."
Jacques Otmezguine a confié le rôle de Marianne à Laurence Côte, comédienne devenue rare sur les écrans de cinéma, bien qu'elle ait obtenu un César en 1997. "Les Voleurs de Techiné reste un film mythique et un rôle rare pour moi, mais l'après César, celui du Meilleur espoir féminin, a été très difficile", révèle-t-elle. "J'étais étiquetée rebelle, revêche et garçonne ! J'ai découvert la difficulté de ce métier, alors que je croyais que cette forme de renommée allait me permettre d'accéder à des projets divers. Beaucoup de gens me disaient "non", sans même prendre le temps de me rencontrer. Le contre-coup a été rude et a duré cinq, six ans. Et puis il y a eu Nos enfants chéris et aujourd'hui Trois couples..."
La ressemblance entre Cances, le député qu'incarne Steve Suissa et un fameux homme politique français, n'a rien de fortuit, comme l'explique le réalisateur : "J'ai donné à Steve Suissa des tonnes de cassettes sur Sarkozy pour qu'il s'imprègne de sa détermination, de son assurance, de son incroyable capacité à séduire, quoiqu'on pense de l'homme politique. Steve est vraiment devenu Sarkozy, c'était à la fois sidérant et très drôle. J'ai appris plus tard que Sarkozy enfant passa ses vacances à Royan, là où l'on a tourné les scènes de plage. Curieux hasard."