Seven swords est l'adaptation d'un roman de wu-xia, "Les sept Epees de la montagne Tian", par l'auteur populaire chinois Liang Yu Sheng. En 32 ans de carrière, cet ex-journaliste a écrit 35 romans.
Pour Seven swords, Tsui Hark s'est affranchi des effets visuels et du travail au filin propres aux films Wu-xia actuels. Il souhaitait ainsi revenir à des combats d'arts martiaux plus authentiques : " Il faut changer lorsqu'un style particulier a été exploité à l'excès et qu'il finit par atteindre ses limites. Les personnages sont si idéalisés, si héroïques qu'ils finissent par sembler ridicules." souligne le réalisateur. "J'ai essayé de raconter une histoire imaginaire de façon différente, en montrant un monde fantastique de manière plus réaliste et en invitant un héros auquel le spectateur puisse s'identifier. Je veux montrer qu'un héros a ses limites et ses faiblesses, et non éluder cet aspect de sa personnalité. Quand on montre les difficultés qu'on rencontre pour surmonter un obstacle et l'énergie qu'il faut déployer pour se dépasser, on produit un impact plus fort que si on se contente de se focaliser sur l'acte héroïque."
Tsui Hark n'en est pas à sa première expérience avec le wu-xia-pian. Le réalisateur Hongkongais avait en effet contribuer à donner un nouveau souffle au genre dans les années 80 avec Zu, les guerriers de la montagne magique, mais surtout avec The Blade en 1995, remake de Un seul bras les tua tous de Chang Cheh. " L'univers du Wu-xia dans Seven swords est différent de mes autres films, explique Tsui Hark, il est réaliste, humain et historique. Le style des scènes de combat s'inspire de la réalité et j'ai voulu insister sur les limites physiques de l'homme, même si j'ai ajouté des éléments fantastiques au contexte de l'histoire et chez les personnages. "
Tsui Hark et son équipe sont allés tourner sur le Mont Tian lui-même, dont le roman d'origine tire son titre : " Le Mont Tian est le lieu où les sept sabres se sont retrouvés pour la première fois. C'est un endroit symbolique qui représente Xinjiang, site à la fois légendaire et magique. C'est pour cette raison que j'ai toujours voulu tourner le film entier dans son décor d'origine," précise le réalisateur.
Les scénaristes ont remplacé un des personnages masculins du roman par un personnage feminin, incarné à l'écran par Charlie Young. "A l'origine le personnage du roman est un homme, explique le réalisateur. Nous l'avons donné à une femme pour introduire un élément incongru dans un groupe qui était par ailleurs homogène. L'idée vient du roman de Liang Yu Sheng. Dans son livre il y a deux générations de sept guerriers. Dans la seconde génération, se trouve une femme qui hérite d'un des sabres et devient ainsi membre du second groupe. Nous avons en partie simplifié l'histoire en fusionnant les deux générations."
Tsui Hark tenait à ce que son film s'éloigne des effets spéciaux afin que les combats soient les plus réalistes possibles. Pour cela il fit appel à des comédiens déjà familiers aux arts martiaux, comme Lau Kar-Leung qui signe aussi les chorégraphies des combats. Celui-ci devait s'assurer que chaque comédien dispose d'un style de combat particulier : 75% du temps de production était ainsi consacré aux scènes d'actions.
Tsui Hark évoque la fabrication des sabres, éléments centraux de Seven swords : " Nous avons commencé par dessiner le sabre le plus puissant. C'était relativement plus facile que pour les autres car, à partir du moment où on choisit le premier dessin, il ne reste plus qu'un éventail limité de possibilités de formes et de métaux pour les autres. Les sabres ont été fondus dans du bronze et de l'acier afin qu'ils semblent plus vrais et plus massifs. Ce sont de vrais sabres que l'on peut utiliser dans un combat "
L'équipe de tournage a dû faire face à des conditions difficiles, en plein mois de septembre... Sur le site officiel du film (en anglais), le réalisateur Tsui Hark nous fait partager ses impressions dans son journal de bord : "11 heures du matin, et la température remonte doucement. Il fait 5 degrés. Je suis sorti après m'être réveillé et j'ai de suite été frappé par le froid. Le temps est superbe, le soleil brille à travers le feuillage des arbres, on a l'impression qu'il fait chaud, mais en fait il fait tout simplement froid. Le plan de travail pour aujourd'hui : déjeuner à 11 heures, départ pour le plateau de tournage à midi. A mon arrivée à la crique, j'ai été accueilli par de mauvaises nouvelles : 1. Maître Lau est toujours malade, 2. Charlie s'est cognée la tête dans l'eau il y a deux jours et doit partir à l'hôpital pour un contrôle, 3. La crique a gelé pendant la nuit et la glace va mettre du temps à fondre..."
Tout comme Hero et Le Secret des poignards volants, sortis peu de temps avant, Seven swords est un wu-xia-pian, "film de combats valeureux", souvent désigné en France comme "le film de sabre chinois" ou "film de cape et d'épée chinois". A ne pas confondre avec le film de Kung-Fu. Malgré des periodes creuses, il est un genre très populaire en Chine depuis les années 20 et sa production est énorme. Plongeant ses racines dans la littérature classique chinoise (romans fondateurs : Au bord de l'eau ; Les Trois Royaumes... puis les romans contemporains), les légendes et l'inconscient collectif chinois - ainsi que le ballet de Pékin pour l'aspect visuel, le wu-xia s'appuie sur l'opposition entre le Jiang Hu (monde rigide et normalisé) et le Wu Lin, monde de l'art martial, auquel il faut ajouter le Lu Lin, monde des hors-la-loi, qu'il faut lire comme "marginaux", "associaux". Ces hors-la-loi sont les héros du wu-xia, chevaliers pour la plupart épéistes, symbolisant la liberté, le code de l'honneur et l'opposition au pouvoir totalitaire, dans une Chine fantasmée. Le plus souvent ils luttent contre un opresseur, ou pour faire montre de leur maîtrise des arts martiaux. Il existe beaucoup de courants à l'intérieur du genre : wu-xia classique, érotique, horrifique, comique, fantastique (tendance Dragon Ball, inspiré des mangas), et "techno": auparavant suggéré par le montage, les envols spectaculaires et caractéristiques des chevaliers sont maintenant simulés sur ordinateur. Quelques repères : Chang Cheh, Wong Jin, King Hu, Tsui Hark bien sûr, et les films La Rage du tigre, Storm Riders, Zu, les guerriers de la montagne magique, Il était une fois en Chine, L'Hirondelle d'or...
Célèbre chanteur de l'opéra de Pékin Liwu Dai se voit offrir dans Seven swords son tout premier rôle au cinéma.
Ce film marque pas moins de 21 collaborations entre Tsui Hark, qui produit à travers sa société Film Workshop, et la monteuse Angie Lam.
Seven swords a été présenté en ouverture de la 62e Mostra de Venise en 2005