Un festival d'esthétoc et de chichitteries cinématographiques. Pendant les premières minutes, suivant par voie aérienne des tracés d'autoroutes, la nuit, on se demande si on ne s'est pas trompé de salle. Mais non. A l'extérieur, on suit l'héroïne, de dos, sur des ponts d'autoroute ou le long de rues morbides. A l'intérieur, Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic la filment, toujours de dos, en très gros plan, et dans l'ombre. Les deux auteurs s'étaient précédemment enregistrés en pleine action dans un opus délicatement intitulé « ceci est une pipe »…
Mais peut-être, le pitch est-il génial, lui? Hélas! notre héroïne fait partie de celles qu'il convient de soigner par trainopompothérapie (à grand coups de pompe dans le train). Elle est libre depuis peu, après dix-huit ans de mariage, donc contre son modèle la Grande Simone (de Beauvoir), elle veut vivre sa liberté. Elle a un amant, très jeune, très antillais, très sympa... et très amoureux. Il veut vivre avec elle, ce fou! Donc, elle le largue, à condition qu'il reste à portée de papatte et qu'il radine dès qu'elle le siffle. Mais v'la-t-y pas qu'Alex (Cyril Gueï, très bien) se met à vivre avec une autre femme, quarante sept ans comme Anne-Marie, prof de fac... et n'arrive plus au coup de sifflet. La dame déprime, se met à le traquer, le pister, lui et sa compagne à qui elle envoie des messages orduriers... elle voit son double partout, détruit le boitier qui transforme son appartement en site hyper-sécurisé, aveugle ses miroirs et finalement se met un coup de marteau dans le crâne! Ce qui nous vaut quelques dernières minutes de ruminations philosophiques, la philosophie de madame Annie Ernaux (qui n'est pas Kant, hélas!) Car oui, c'est bien la pleurnicharde en chef de nos lettres qui est responsable du scénario.
Evidemment, il y a Dominique Blanc. Qui a même réussi à se faire la tête d' Annie Ernaux. Et qui est prodigieuse, évidemment, on attend vite de la retrouver....ailleurs. Une étoile pour elle...