Zéro un : les secrets du tournage

Initiative de Luc Besson, Zéro Un est un projet plutôt "tendance", qui surfe sur le formidable succès que rencontrent les courts-métrages dans les divers festivals qui leurs sont dédiés, en particulier à Clermont-Ferrand. A noter ainsi le succès de 11'09''01 september 11 qui réunissait un an après l'attentat du World Trade Center onze courts-métrages autour du thème de l'évènement . Dans le même esprit, Paris, je t'aimesortira prochainement et illustrera le thème intemporel de la rencontre amoureuse aujourd'hui dans un arrondissement de Paris, avec des personnalités aussi différentes et prestigieuses que Woody Allen, Bernardo Bertolucci, Johnny Depp Jean Rochefort ou Tom Cruise.

Pour Luc Besson, l'idée est de donner à un jeune réalisateur non seulement l'occasion de s'exprimer, mais aussi et surtout la possibilité d'être vu par un public plus large, puisque le film qui regroupe dix courts-métrages n'est pas présenté en festival comme il est traditionnellement le cas pour ce type de programme, mais bien en salles, comme un film classique. Zéro Un bénéficie ainsi d'une sortie pendant la Fête du cinéma avec à la clé un rendez-vous annuel avec le public, pour qu'il "profite", selon les mots même de Luc Besson, "de l'élan de la Fête du Cinéma pour aller découvrir cette autre manière d'en faire".

Le plaisir plus que les prix ou les diffusions antérieures ont déterminé la sélection des dix courts-métrages qui composent Zéro Un. Julien Hossein, qui supervise le projet et Katia Sourzac d'Europacorp ont visionné plus de 600 courts venus du monde entier pour effectuer un premier choix et d'élargir ensuite la consultation. " On y trouve tous les genres, tous les styles. Ils peuvent être drôles, émouvants, spectaculaires ou tout cela à la fois " explique Luc Besson, qui précise ne pas être intervenu " en tant que producteur, mais comme simple spectateur ".

Bien que l'équipe d'Europacorp qui a choisi les dix courts-métrages qui forment Zéro Un ait basé leur sélection sur le critère du coup de coeur, les films présents ont pour la plupart fait main basse dans les différents festivals consacrés au courts-métrages, à l'image de Au suivant, primé à Valanciennes en 2002 et qui ouvre la marche, de Offside distingué en particulier à Tokyo et Sao Paulo, de The Freak, meilleur court d'animation à l'Hollywood Film Festival 2002, ou encore de Carcan, prix Canal +au Festival de Brest 2002 et par lequel se termine le film.

Ouvert à tous les genres, du plus loufoque au plus bouleversant, Zéro Un se veut également une sélection internationale, présente avec 3 courts américains, même s'il fait malgré tout la part belle au cinéma français, avec six films retenus, auxquels s'ajoute par ailleurs un court d'animation en provenance de belgique.

Convaincu que " toute personne établie dans le cinéma se doit de participer à la formation de la nouvelle génération ", Luc Besson a donc logiquement conçu son projet comme un véritable tremplin, avec " l'idée de revaloriser le court-métrage en l'amenant vers le grand public (...) et en le traitant comme un long ". Un autre espace de diffusion, donc, mais aussi, pour les spectateurs comme pour les initiateurs du projet, la perspective d'avoir le privilège d'accompagner les premiers pas d'un réalisateur qui pourrait compter et pour ce dernier la chance de pouvoir bénéficier d'un public complice pour passer l'épreuve du long...

C'est le principe du plaisir et du coup de coeur qui a déterminé la sélection qui compose Zéro Un. On y trouve donc tous les genres, pourvu qu'il s'agisse d'une vraie sensibilité et d'une vraie première démarche de cinéaste. Du franchement loufoque, avec Chickendales de Niko Meulemans, film d'animation que le réalisateur a imaginé après l'achat d'un sandwich au poulet dans un supermarché, ou l'histoire de Gino, un coq latino et macho qui s'est mis en tête de sauver ses copines de frigos, avec au résultat une opération qui tourne au désastre le plus délirant. Du plus grave aussi, avec Leanna Creel et son Offside, l'histoire bouleversante et authentique de soldats ennemis qui, le temps d'un match de football vont déposer les armes, observer une trêve et fraterniser le jour de Noël 1914.

Outre leur notoriété déjà acquise auprès du public et de la critique de différents festivals, les films qui composent Zéro Un se distinguent également comme tours de force ou exercices de style le plus souvent virtuoses. Dans un espace de 35 m2, pour Au suivant, où Jeanne Biras se penche sur le personnage de Joséphine (Isabelle Nanty) qui forcée de suivre un casting de pub et son incessant défilé de candidats commence à passer ses nerfs sur les postulants. En hommage nourri de dérision avec Arrêt d'urgence de Jean-Jacques Dumonceau, avec Bruno Solo qui campe un pilote tentant par tous les moyens d'arrêter l'immense machine robotisée avec laquelle il traverse une contrée inconnue. Sans pratiquement aucun dialogue, pour The Freak de Aristomenis Tsirbas ou en forme de strip-tease envoûtant avec Carcan et en particulier le trucage du plan sur tournette de la fin montrant l'étranglement de la taille et qui a nécessité près de deux mois et demi de Flame et de 3D étalés sur un an.

Un court métrage, ça peut changer la vie. C'est ainsi que le (trés) court métrage de Stéphane Levallois, Carcan a connu un net engouement de la part du public anglais en général et d'une productrice de télévision anglaise en particulier, visiblement emballée par" ce film bien français où les filles finissent toutes nues", rencontre fructueuse puisqu'elle a permis au réalisateur de réaliser le générique de l'émission "Extraordinary People" pour Channel Five et de pouvoir poursuivre sa carrière de cinéaste.