Beaucoup qui s'étaient régalés à la vision des biopics sur Johnny Cash et sur Ray Charles, seront déroutés par "I'm not there", exercice de cinéma très particulier tournant autour de la personnalité de celui qui a métamorphosé la musique populaire entre 1960 et 1970, Mr Bob Dylan. Une personnalité tellement polymorphe que le réalisateur Todd Haynes a choisi de ne jamais lui donner son véritable nom et de la faire interpréter par 6 comédiens différents. Dont un gamin noir de 11 ans; dont une femme, Cate Blanchett; dont Richard Gere. Si on ajoute que le film s'amuse sans arrêt à faire perdre la notion du temps au spectateur, on comprend qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre de tout repos. En fait, contrairement à "Walk The Line" et "Ray" qui ont sans doute contribué à faire connaître et à faire aimer Johnny Cash et Ray Charles au grand public et aux jeunes générations, il n'est pas certain que "I'm not there" obtienne le même résultat. Certes, contrairement à "Walk The Line" et "Ray" dans lesquels on n'entendait pas les véritables interprétations des deux chanteurs concernés, ici, la grande majorité des chansons de Dylan que l'on entend sont chantées par Dylan lui-même. Par contre, pour goûter pleinement ce film, il est préférable d'avoir déjà une bonne connaissance de l'artiste, de sa vie et de son oeuvre. Là est toute sa limite. De ce film tourné en grande partie au Québec, on retiendra que l'interprête le plus crédible parmi les 6 proposés pour interpréter le personnage de Dylan s'appelle Cate Blanchett, une femme ! On prêtera aussi une oreille attentive au narrateur, Kris Kristofferson. On s'amusera à reconnaître Julianne Moore dans le rôle de Joan Baez. Et on s'interrogera sur le pourquoi du titre. "I'm not there" : en fait, une vieille chanson de Dylan, uniquement parue en disque pirate jusqu'ici. Un résumé, également, de Dylan, qui, en fait, n'était jamais là où l'on attendait. Et ça, le film le montre très bien !