Deux anges a été présenté au Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique.
Il s'agit du premier long-métrage réalisé par un spécialiste du cinéma iranien. Mamad Haghighat a fondé et dirigé de 1983 à 1999 un festival consacré à cette cinématographie. Critique et correspondant de la revue Film (publiée à Téhéran), il est aussi l'auteur d'une Histoire du cinéma Iranien, publiée par le Centre Pompidou.
Depuis 1988, Mamad Haghighat est le directeur d'une salle de cinéma parisienne, Le Quartier Latin.
"Quelle est la place de la musique dans une société islamique où elle est considérée comme un péché ? Jusqu'où peut aller le déchirement et la confrontation entre les deux générations: celle traditionnelle du père et celle du fils qui exprime un "besoin d'air" et veut suivre le chemin de l'art et de la liberté ?". Telles sont les questions que pose le film, selon Mamad Haghighat .
Ce film souligne la dimension politique, subversive, de la musique. C'est un thème qui intéresse Mamad Haghighat depuis longtemps : "Ces questions m'ont préoccupé continuellement depuis l'enfance, lorsque j'ai vu mon voisin, un homme très pieux, battre son fils de toutes ses forces avec le Nêy (la flûte en roseau) qu'il venait de lui confisquer ! Au lendemain de la révolution islamique en Iran (1979), des intégristes ont pillé des archives de musique pour les brûler et dans certaines régions comme le Kurdistan, ils ont ramassé les instruments de musique pour les "fusiller" devant les musiciens !".
Le rôle du père (qui refuse qu'Ali joue de la musique), et celui du berger (qui au contraire l'y encourage) sont interprétés par le même acteur. Le réalisateur justifie ainsi ce choix: "En général, l'ange symbolise le bien, mais il y a aussi l'ange exterminateur ! Ces deux-là coexistent normalement dans chaque être humain, parfois l'un prenant le dessus sur l'autre."
Le titre du film fait référence à un texte persan dans lequel, raconte le cinéaste, il est écrit que "lorsque Dieu voulut faire pénétrer l'esprit dans le corps d'Adam, il demanda aux anges de jouer de la musique."
"Le titre originel du film était Ecoute le Nêy, mais je l'ai changé parce qu'en français le Nêy (nom de l'instrument de musique) pouvait parfois se confondre avec le nez", raconte le cinéaste.