Le film est adapté du livre éponyme (1954) et 9e roman, à 55 ans, de l’Américain Alan Le May,
qui s’était inspiré de l’enlèvement, à 9 ans, de Cynthia Ann Parker (1827-1871), par des Comanches, lors du massacre de Fort Parker (Texas) le 19 mai 1836 (2 mois après le siège mexicain de Fort Alamo) et 5 jours après la déclaration d’indépendance du Texas (qui deviendra étatsunien le 29 décembre 1845).
Cependant, le film se déroule en 1868, 3 ans après la fin de la guerre de Sécession (le Texas faisait partie des états confédérés). Il s’agit d’un western classique avec des chevauchées, des combats, de l’alcool, des danses et de l’humour. Une partie se déroule à Monument Valley, site naturel à la frontière entre l’Arizona et l’Utah, où Ford avait déjà tourné, notamment, « La chevauchée fantastique » (1939), où une diligence, en 1885, traversait le territoire apache et « La charge héroïque » (1949), qui se déroulait en 1876, après la défaite de Custer à Little Big Horn (Montana). Les paysages sont magnifiés par le Techicolor Vistavision et la projection en 70 mm.
On y retrouve John Wayne (49 ans, dont c’est la 16e collaboration avec Ford sur 24) qui interprète Ethan Edwards, ancien soldat confédéré, qui va partir, avec Martin (Jeffrey Hunter, 30 ans), métis et fils adoptif de son frère, Aaron, à la recherche (d’où le titre original) de sa nièce, Debbie (Natalie Wood, 18 ans, dont le personnage enfant est joué par sa sœur Lana), enlevée avec sa sœur Lucy, par des Comanches qui ont tué leurs parents. Cette quête va durer 5 ans, longue période au cours de laquelle Ethan Edwards, raciste et rongé par l’esprit de vengeance, va évoluer.
Le film témoigne et reflète son époque, où les Indiens (ici des Comanches mais joués par des Najavos) étaient mal considérés (comme des sauvages sanguinaires voleurs de bétail) par les pionniers américains qui occupaient leur territoire, faisant fi des droits des primo-occupants. Il faut attendre 1964 avec « Les Cheyennes » pour que John Ford les montre sous un jour favorable. Delmer Daves (1904-1977), dans « La flèche brisée » (1950) l’avait fait avant lui. L’histoire est à rapprocher de celle (tirée aussi d’un fait divers) de « La forêt d’émeraude » (1985) de John Boorman, où le fils d’un ingénieur américain, venu construire un énorme barrage au Brésil, est enlevé par une tribu amazonienne alors qu’il avait 7 ans, devient le fils adoptif du chef des Invisibles et qui retourne dans sa tribu, malgré ses retrouvailles avec son père, 10 ans après son enlèvement. Les temps ont changé ainsi que le regard sur les peuples premiers, les Amérindiens, victimes de la colonisation européenne, brutale, violente et cupide, qui a aussi bouleversé leurs conditions environnementales.