Avis personnel. J'ai véritablement adoré ce film qui allie avec une maestria peu commune le drame, la comédie et même la fantaisie sur un ton presque poétique. Tourné dans les paysages superbes du mont Blanc, ce petit bijou présenté un peu à la manière d'un conte nous montre le choc d'un monde d'adultes rudes avec celui d'un enfant perturbé sans abuser des clichés coutumiers du genre. Trois "grands" en premier plan: un extraordinaire Jacques Villeret/Gaspard en grand-père un peu bougon mais si gentil au fond, un excellent Claude Brasseur/Robert en vieux râleur rustre - ça lui va comme un gant! - et une charmante Michèle Laroque/Mme Valentine en institutrice de village, un peu coincée au début, mais pas longtemps. Et puis, il y a LE comédien parmi tous ces comédiens: le très surprenant Jules Angelo Bigarnet/Tom, 10 ans d'âge mais 8 pour l'histoire, qui nous nous joue ça comme un chevronné. Ce fut d'autant plus méritoire que le dialoguiste lui a impitoyablement concocté la plus belle part! Tout en jouant au dyslexique, il a dû se farcir des incorrections de langage à tour de langue et débiter comme si de rien n'était des répliques aussi compliquées que les célèbres chaussettes de l'archiduchesse! Chapeau au gamin! Autre point fort à noter: les relations entre tous ces protagonistes. Les affrontements entre les deux [néanmoins] grands amis Gaspard et Robert nous offrent quelques belles scènes, certaines aussi tristes que d'autres sont truculentes, tandis que Gaspard et Tom, dont les débuts firent quelques étincelles, forment un duo extraordinaire qui glissera peu à peu vers une complicité et une tendresse exprimées de la manière la plus simple et la plus naturelle qui soit. Mme Valentine connaîtra bien vite presque tout de son nouvel élève si étrange et, comme elle est très gentille, elle sera elle aussi une belle figure de l'aventure. Enfin, Tom trouvera en Damien Jouillerot/Benoît, le pataud neveu de Robert, un indéfectible ami toujours partant pour l'aider à réaliser ses plans aussi hasardeux qu'audacieux destinés à atteindre LE but: retrouver sa maman. Leur "collaboration" donne lieu à des moments vraiment savoureux et inattendus, où l'on a parfois l'impression de retrouver en Tom un mélange du petit Gibus et du petit Nicolas. Finalement, les personnages-clés de l'affaire sont ceux que l'on voit le moins à l'écran: Clovis Cornillac/Pierre, le père de Tom, joue sobrement sa partie parce qu'il convient à l'histoire qu'il en soit ainsi, et Julianne Loucq/Sophie, sa maman, est la "disparue" sur laquelle est bâti le scénario qui ne la fait apparaître que dans le flashback final. Un chouette gendarme aussi, sympa tout plein mais très à cheval sur le règlement: Patrick Ligardes/gendarme Petit, pointe régulièrement le bout du nez et c'est chaque fois un sourire garanti (même quand il
nous ramène des cadavres de victimes de la montagne!
). Malabar Princess nous permet en plus d'admirer dans son merveilleux cadre naturel la plus haute ligne de chemin de fer de France: le tramway du Mont-Blanc (ou TMB). Sur son chemin de fer à crémaillère, il est un acteur important du film et ce fut une excellente idée que de le mettre ainsi en valeur. Si les cadrages et la photographie sont souvent remarquables, la mise en scène ne cherche jamais à compliquer les choses. Elle fait la part belle à la vitalité des comédiens et au tonus des dialogues d'une qualité exceptionnelle. Ceci n'est peut-être pas un chef-d'œuvre, mais un moment sacrément bon à passer!