Dans la carrière de Patrice Leconte, il y a eu les Bronzés. Il y a eu ensuite Tandem, premier changement de registre en 1987. Et puis il y a eu Monsieur Hire, en 1989, qui confirmait des aspirations plus dramatiques et prouvait un bel éclectisme. Plus de 40 ans après Julien Duvivier (Panique, 1946, avec Michel Simon), il adaptait Les Fiançailles de monsieur Hire, de Georges Simenon, dont il tirait ce film court, dense, infiniment noir et triste. C’est moins l’intrigue policière qui l’a intéressé ici que le portrait du personnage central, monsieur Hire (misanthrope, voyeur, à la fois antipathique et touchant), et l’ambiguïté de sa relation avec Alice, l’objet de toutes ses attentions. Alice, jeune femme sensuelle et intelligente, évoluant entre répulsion, fascination, manipulation… Cette relation, bancale et trouble, est orchestrée dans un style qui épouse le profil de monsieur Hire, sa raideur, son faciès blême : précision froide, lumière blanche. Michel Blanc, déjà surprenant dans Tenue de soirée, de Bertrand Blier, l’est encore plus dans ce film. Le feu sous la glace. Impeccable. Il forme avec Sandrine Bonnaire, au naturel désarmant, un duo mémorable.