«Deconstructing Harry» (USA, 1998) ou quand Woody Allen s'analyse encore une fois pour notre plus grand plaisir. Cette fois-ci l'introspection cinématographique prend des airs de mélange contemporain. En effet, à l'instar du cinéma contemporain, la facture de «Deconstructing Harry» mèle l'art et sa confection, en illustrant un tournage ou en menant une réflexion sur la création, Woody Allen joue sur deux pistes : la cause et son effet artistique. Ainsi le film derrière son semblant de comédie anodine est chargé d'une pensée à peine voilé par l'humour. Le montage de Susan E. Morse traduit les emportements névrotiques du personnage d'Harry Block. L'expression du montage se fait donc à mesure du comportement de Harry, tantôt vif et coupé tantôt calme et linéaire. Bien sur l'humour du cinéaste perce encore, voire davantage peut-être parce que le personnage d'Harry réfléchit sur l'art d'Allen même, l'humour étant ici un formidable vecteur pour acquérir à la réflexion, parfois alambiqué, de Woody Allen. Utilisation de bons mots, narration décousu où le réel se fixe sur la fiction plus qu'inversement, «Deconstructing Harry» est une réflexion poussé sur le relationnel entre l'individu, le sexe et les femmes. Dans sa finesse de jeux de mots, Allen réussit à y plasser une vulgarité populaire par soucis de catharsisme. La conclusion qui abandonne Harry/Woody à ses créations s'avère une conclusion de son oeuvre avant l'heure, une digression sympathique du cinéaste où sa psychanalise cinématographique fructifie sa vision de l'art, un art cathartique où l'auteur évoque sa vie à travers ses oeuvres, où l'art devient la vie, une pensée partagée par nombres d'artistes et que Woody Allen se charge d'aborder avec toute la cocasserie qu'on lui connaît.