Si le titre du film n’évoque sans doute pas grand chose à grand monde en dehors du sous-continent indien, sur place, ‘Devdas’ est une référence absolue du mélodrame, une adaptation d’un roman écrit en 1917 par un certain Sharat Chandra Chatterji,et déjà porté à de multiples reprises à l’écran : en terme de classicisme, ‘Devdas’ se pose là et on peut le considérer comme la dernière version en date de la plus belle copie bollywoodienne de ‘Roméo et Juliette’. En terme de renommée, de diffusion à travers les différents publics et de récompenses et de prix raflés dans les festivaux locaux, c’est même le ‘Autant en emporte le vent’, ou même le ‘Titanic’ indien. Tout au long de cette romance tragique entre deux amants issus de milieux sociaux différents, à Calcutta, au début du 20ème siècle, ce ne seront que déclarations poétiques et débordantes d’emphase, évocations fiévreuse des jours heureux, trahisons, conflits, adieux définitifs, sacrifices et métaphores à base de lunes et nénuphars, à un degré oublié des superproductions mélodramatiques occidentales depuis au moins 30 ou 40 ans. Cette saga au long-cours n’a jamais eu l’intention de s’exporter, étant donné le nombre de références à des coutumes et des traditions spécifiquement indiennes auxquelles elle recourt, des éléments qui semblent avoir leur importance dans l’histoire mais qu’on se contentera d’observer sans vraiment en comprendre les tenants et les aboutissants. Je me suis rattrapé sur les flamboyantes séquences de danse, non que je puisse en comprendre l’éventuel sens caché, non que je puisse réellement vibrer à l’écoute des hits “Filmi’ qui parsèment le film mais enfin, je me sens à peu près capable d’apprécier spontanément des mouvements, des vêtements et des explosions de couleurs sans devoir obligatoirement passer un master en art et culture indienne...et je suis finalement extrêmement content d’avoir expérimenté un authentique film bollywoodien. Petite précaution d’usage : ‘Devdas’ dure trois bonnes heures, une durée presque intolérable pour un spectateur non-endurci aux ficelles du mélodrame classique, et je confesse que j’ai probablement du somnoler à de nombreuses reprises...mais enfin, je suis resté suffisamment conscient pour suivre toute cette histoire et convenir que l’actrice Aishwarya Rai était probablement à l’époque la huitième merveille du monde.