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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 8 mai 2024
« Golgotha », la deuxième collaboration unissant Julien Duvivier à Jean Gabin est située entre « Maria Chapdelaine » et « La Bandera » qui propulsera les deux hommes au sommet du cinéma français. Duvivier qui a commencé sa carrière de réalisateur à l’époque du muet seulement âgé de 23 ans (« Haceldama ou le prix du sang » en 1919) est pour le moins prolifique avec déjà 36 longs métrages à son actif en 1935. Quand il arrive sur ce projet initié par le chanoine Joseph Reymond qui en a conçu le scénario (transposition de l’épisode de la Passion du Christ à l’écran), Duvivier a déjà réalisé plusieurs films traitant de sujets religieux (« Credo ou la tragédie de Lourdes » en 1924, « L’Abbé Constantin » en 1925). Son pessimisme qui imprégnera l’ensemble de son œuvre l’a vu se détacher de la chose religieuse pour s’axer sur les études de caractères et leurs implications sociales, prenant le plus souvent la forme de drames qu’il alterne avec les films de genre. Il accepte toutefois cette commande comme un défi à relever qui après le tournage de « Maria Chapdelaine » dans le Grand Nord Canadien le mènera en Algérie (Fort-de-l’eau dans les environs d’Alger). La production est coûteuse à l’échelle d’un cinéma français ambitieux qui entend s’offrir son épopée hollywoodienne. Les décors en dur conçus par Jean Perrier sont impressionnants et le résultat est plutôt convaincant notamment les mouvements de foule dans l’enceinte d’une Jérusalem déjà en proie aux conflits politiques alors que la cité sainte fait partie de l’empire romain. Le casting soigneusement pensé par Duvivier ne laisse pas d’étonner la presse. Passe pour Harry Baur qui sera Hérode roi de Judée mais Jean Gabin en Ponce-Pilate, personne ne veut y croire. Idem pour Robert Le Vigan devenant Jésus en lieu et place de Pierre Richard-Willm ou Samson Fainsilber d’abord envisagés. Le Vigan, un des grands excentriques du cinéma français d’Avant-Guerre que Duvivier connaît bien pour l’avoir déjà dirigé trois fois sera étonnement sobre et finalement très convaincant. Lucas Gridoux en lieu et place de Charles Vanel qui était sans aucun doute un Judas tout désigné, offre une présence mutique faisant par le regard passer toute la culpabilité de celui qui a trahi l’être adoré. Quant à Gabin qui commence par dénoter avec son accent parigot seyant plutôt mal au port martial attendu d’un dignitaire romain, sa prestation progresse tout au long du film notamment lors des scènes avec Claudia Procula son épouse interprétée par Edwige Feuillère actrice de théâtre réputée. Tout comme Paul Newman qui commencera sa carrière sur grand écran dans un film biblique (« Le Calice d’argent » de Victor Saville en 1954), Gabin portera un peu comme une croix (c’est bien le mot !) cette prestation dite « en jupette », sorte d’OVNI au sein de la carrière prestigieuse des deux grands acteurs. Julien Duvivier choisissant délibérément de ne pas s’attarder sur ce qui fait le caractère sacré de la personne de Jésus, préfère observer tout ce que sa présence habitée dans la cité juive provoque de tension à force de dévotion ou de trahison. Le réalisateur qui porte un regard lucide et désenchanté sur la nature humaine décrit avec force tout ce que le regroupement en foule peut déclencher de violence et de versatilité. Le tout sans recours excessif au pathos ou à l’emphase fait de « Golgotha » un film pouvant relever le pari improbable de tenir à une saine équidistance toutes les sensibilités. Le public répondra présent malgré des critiques peu amènes notamment celle d’Henri Jeanson qui alors que Duvivier tourne les scènes d’intérieur à Boulogne, condamne le film par avance, accusant le réalisateur de s’être comporté en colonialiste avec les figurants lors du tournage en Algérie. Mais le film trouvera malgré tout son public et le talentueux Jeanson pas très constant dans sa vindicte, scénarisera dans la foulée « Pépé Le Moko » (1937) pour Duvivier suivi du « Carnet de Bal » (1937) mais encore « Au royaume des cieux » (1949) et enfin « Sous le ciel de Paris » (1951). Pas très étonnant quand on vérifie décennie après décennie la ductilité des convictions des gens du spectacle qui si elles peuvent être sincères demeurent tout de même fortement indexées sur la poursuite fructueuse de leur carrière.
La meilleure critique de ce film est d’Henri Jeanson : il avait écrit à propos du jeu de Jean Gabin interprétant Ponce Pilate avec son accent faubourgien : Quant à Ponce Pilate, il s’en lave les pignes !
Ce film est bien de son époque 1935 et cela le rend en partie difficile à appréhender. Le cinéma parlant est récent moins de dix ans. L'histoire est celle des derniers jours de Jésus, sa condamnation et son exécution à Golgotha mis en scène avec des idées et des moyens de l'époque, en respectant bien l'écriture, le scénario étant fait par un chanoine et sur ce plan c'est assez bien. Par contre je n'ai pas aimé la représentation de Jésus par Le Vigan distante comme le fait qu'il n'apparait que comme une ombre dans un premier temps, ensuite très emphatique et semblant toujours dans l'attitude de l'homme de douleur ce qui est une vision assez catholique. J'ai aussi trouvé le fond sonore bien trop présent, pesant et bruyant et un brouhaha d'une foule au nombre peu crédible. Ceci dans un certain style de films du muet avec une multitude d'acteurs ce qui fait "grand spectacle". Ces éléments grossiers font qu'il y a peu de spiritualité qui se dégagent et les acteurs qui en ressortent sont les vedettes qui jouent les rôles de Pilate bien sûr Gabin, sa femme, Caïphe, Hérode et Judas ce sont ceux ont des rôles principaux mais en même temps stéréotypés. Gabin fait un Pilate correct assez sobre et digne malgré sa jupette, en fait dans l'écriture le personnage de Pilate est juste ambigüe avec ses fameuses phrases , "Qu'est ce que la vérité ?", "Es tu le roi des Juifs ?" "Voici l'homme"; "Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde" et "Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit" en parlant du panneau mis sur la croix inscrit I.N.R.I. Bref pas un mauvais film mais qui a beaucoup vieillit avec ses façons d'un autre temps et peu original sur le sujet en évitant certains écueils mais sans apporter non plus de vrai sens à mon avis dans son ton parfois de titi parisien parfois trop emphatique, parfois une bonne restitution de l'époque parfois des excès gênants dans le visuel et dans l'audio.
Il y a une certaine ampleur et un style peplum assez réussi. Des images bien choisies comme celle de la descente des pèlerins lors de la crucifixion mais il y a des lourdeurs par exemple musicales. Trop de présence et de trompettes....
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2,5
Publiée le 14 août 2019
En 1935, avec "Golgotha", Julien Duvivier reprend le thème du Calvaire, en s'inspirant d'une oeuvre du chanoine Reymond! Malgrè le travail très consciencieux du futur metteur en scène de "Panique", ce film ne dèpasse guère le niveau anecdotique, et les visages trop connus des acteurs - Jean Gabin dans celui de l'improbable Ponce Pilate avec une coiffure à frange ridicule, Edwige Feuillère en Mme Pilate - lui enlèvent toute crèdibilitè! Reste Robert Le Vigan, hallucinant dans le rôle du Christ! Les excellentes prises de vues dans la foule montrent ègalement la maîtrise de Duvivier! Le cinèma doit-il donc renoncer dèfinitivement à èvoquer l'image du Christ ? "La tunique" (1953) ou "La passion du Christ" (2004) inciterait une fois encore à rèpondre par l'affirmative! Et cependant le cinèma n'a toujours pas abandonnè aujourd'hui l'exploitation d'un thème qui attire le grand public...
Golgotha est le premier film parlant réalisé sur la crucifixion. Duvivier y intègre une idéologie bien française de l’époque, gommant le plus possible la vision évangélique (donc catholique) et faisant du vertueux Pilate (selon lui), un homme du peuple, alors qu’il appartenait à la caste des nobles cavaliers (ou chevaliers). De même par deux fois les arguments du sanhédrin vont à l’encontre des préceptes de la Thora et les lois de la Mishna (qu’ils sont censés rédiger et faire respecter) et donc non opposables à un rabbin (comme par exemple le Christ). Dès le début le panoramique sur Jérusalem est un décor (en fait une peinture) que même Hollywood n’aurait pas osé magnifier à ce point. Le temple de Salomon ferait passer celui de « Salomon et la reine de Saba » de King Vidor pour un appentis et les palais aussi fastueux que ceux du Babylone d’ « Alexandre » d’Oliver Stone n’existaient pas dans la Jérusalem du premier millénaire, ville de seulement soixante dix mille habitants. Aucune de ces erreurs ne se retrouvent dans les cinq autres versions (toutes américaines) que j’ai vues au cinéma ou à la TV. De plus, l’accent titi parisien n’aide pas et le casting permettant de mettre l’excellent Harry Baur (Hérode) dans un rôle secondaire (5 minutes) en haut de l’affiche en compagnie Edwige Feuillère (7 minutes) et Jean Gabin (en Ponce Pilate, le seul rôle significatif des trois), accroche assez ronflante pour attirer le chaland, alors que l’essentiel se passe entre Granval, Saillard et Le Vigan, ce dernier assez médiocre dans le rôle du Christ. Cinématographiquement parlant, le film démarre plutôt bien avec une mise en place progressive et bien articulée avec une brillante scène d’arrivée du Messie à Jérusalem. Suivent de remarquables prises de vues dans la foule dont la froide description de la haine « en meute » annonce quelque part « Panique » et la peur qui génère la misanthropie de Duvivier. Enfin, les vingt dernières minutes (sobres cène et résurrection) sont gâchées par la crucifixion à proprement parler, Duvivier n’ayant pas les effets spéciaux actuels aurait du faire plus simple (le grotesque accéléré des nuages rappelle le cinéma des années 20) en évitant cette musique lourdingue (Korngold et Rosza étaient encore des inconnus). Le tonnerre et la pluie balayant une colline dans la nuit auraient étés plus impactant. Malgré la densité du sujet évangélique, cette semaine du dimanche des rameaux à la résurrection du Christ se traîne péniblement sur 77 minutes… seulement. La faute à un manque d’émotion, à cause du parti pris littéralement documentaire du réalisateur (et scénariste).
Ce n'est pas l'un des meilleurs films de Duvivier et Gabin en a rien à cirer de son rôle. Une méga production de l'époque qui a très mal vieillie. Seul Robert Le Vigan est magnifique dans ce film.
Une représentation grandiose d'un sujet pourtant commun dans les arts. Tout en conservant l'histoire originale, ce film fait sa place dans le tout jeune cinéma parlant en n'hésitant pas à mettre des centaines de personnes en scène, sans pour autant tomber dans le travers de se concentrer sur l'image pour négliger le reste. Si la technique ne permettait pas encore d'exploiter au maximum la beauté de l'image, il fait quand même l'effort de présenter quelques très beaux plans. Les effets spéciaux ne sont pas négligeables non plus, et même 80 ans plus tard, ne passent pas pour dérisoires. Avec les difficultés d'alors pour la prise de son, on ne s'attendait pas à ce que le magnétisme des voix puisse transmettre le charisme des acteurs, et l'oeuvre y parvient pourtant. Et pour finir, pour un film si éloigné des critères contemporains, il est étonnamment compréhensible sans qu'on ait à s'aider de connaissances en catéchisme. Soporifique, certes, mais surprenant dans toute l'étendue du bon sens du terme.
Pas franchement passionnant, on n'apprend pas grand chose; la mise en scène est plate, Gabin joue mal ou en tout cas n'est pas assez à l'aise, le montage est dégueulasse... C'est trop théâtral, trop exagéré sans arrêt. Reste un dernier quart d'heure intéressant et une intro originale pour l'époque. Bref les vieux films ne sont pas tous à voir...
Pas très intéressant, que l'on soit croyant ou pas nous n'apprenons rien de plus sur Jésus Christ. Si la mise en scène aurait été originale cela aurait pu créer un peu plus d'intérêt mais c'est trop classique. J'ai trouvé les acteurs pas très convaincants (Gabin en Ponce Pilate et l'acteur qui joue le Christ). Dans la liste des défauts, on peut rajouter le montage foireux (et pas d'excuses sur le fait qu'il date de 1935, j'ai vu dans la même semaine le Kid de Chaplin où on n'avait rien à redire sur la mise en scène). Par contre, j'ai trouvé les 15 dernières minutes très réussies, et Duvivier sait très bien gérer les foules de figurants. C'est dommage car Duvivier avait de quoi faire un chef d'oeuvre.
Je n'ai regardé ce film que grâce aux nombreuses anecdotes racontées par Louis-Ferdinand Céline sur le Vigan, un acteur que je ne connaissais pas. Mais à force de lire de très bonnes histoires sur son compte, notamment celle racontant qu'il s'était scié les dents pour son rôle dans ce film, je me suis décidé à y jeter un coup d’œil. Bon, pour le film en lui-même, c'est très théâtral, très exagéré, je peux comprendre que certains trouvent ça à la fois ringard et mal joué. Pour Jean Gabin, j'ai pas eu l'impression qu'il était très à l'aise dans ce rôle... Je dirais pas que c'est de la faute de l'acteur, qui a sûrement fait de son mieux, mais pour moi c'est une petite erreur de casting. Pour les décors, les costumes, la musique, rien à dire, bon boulot de Duvivier... Comme tout le monde le reconnaît, la prestation de Robert le Vigan en Christ est tout bonnement parfaite, et c'est clairement ce que je retiendrais de ce film.
Golgotha retrace les derniers évènements avant la crucifixion de Jésus. Le film est intéressant avec une belle performance de Robert Le Vigan en Jésus mais la réalisation de Julien Duvivier est assez mitigée (la fin du film est un peu expédiée, la musique est moyenne). D'autre part, le choix de Jean Gabin pour ce rôle n'est pas un choix judicieux car ce n'est pas le type de personnage qui lui corresponde le mieux.
Je croyais que le générique parlé était une invention de Monsieur Sacha Guitry pour son film "Le Roman d'un tricheur", et ben non car ce film qui date de l'année précédente en a un. Ce qui est un des rares trucs intéressants que l'on puisse retenir de ce film. Pour raconter les derniers jours de Jesus-Christ, sa crucifixion et sa résurrection, Julien Duvivier avait beaucoup de moyens. Et d'ailleurs cela devait tellement l'enthousiasmer de montrer des foules de figurants, des décors considérables et qu'il peut faire mouvoir un maximum ses caméras qu'il en avait oublié pendant de longs moments qu'il a une histoire à raconter (et pas n'importe laquelle en plus !!!). Et qu'une histoire à raconter nécessite forcément des scènes intimistes. Or celles-ci sont peu nombreuses, de plus la présence d'Edwige Feuillère (comme d'Harry Baur en Hérode !!!) apparaît comme anecdotique, et Jean Gabin est aussi crédible en Ponce Pilate que Woody Allen le serait en Sébastien Chabal. Seules les séquences qui viennent vers la fin avec Robert Le Vigan dans le rôle du fils de Dieu donnent un peu de relief à un ensemble sans âme alors qu'ironiquement c'est une oeuvre sur le sujet qui en a peut-être le plus.
Quand Julien Duvivier décide faire une superproductions bibliques, cela donne " Golgotha " une oeuvre ambitieuse et qui se trouve être bien recommandable, car possédant une mise en scène des plus soignée - notamment en ce qui concerne les excellentes trentes dernières minutes qui sont bien marquantes et émouvantes. Robert Le Vigan campe Jésus avec un grand sériéux, par contre le fait de voir Jean Gabin dans le rôle de Ponce Pilate n'était pas forcément un choix judicieux, car on sent pas l'acteur français très à son aise. En l'état, il s'agit d'un long métrage à découvrir, même si dans le même registre, on peut légitimement lui préférer " La Passion du Christ " de Mel Gibson.
Je l'ai surtout vu pour voir Gabin en ponce pilate et effectivement on le sent pas particulièrement à l'aise. Pour le film, vu la date de réalisation Duvivier s'en sort plutôt bien, au niveau des costumes, de l'ambiance et d'un christ, Robert le Vigan totalement investi de l'image mythique. Pour le scénario il est ce qu'il est.