J’avais entendu pas mal de bien au sujet de ce film, souvent considéré comme le meilleur de l’inégal Jeannot Szwarc. Je suis d’accord, c’est un film très agréable, qui sans doute n’exploite pas pleinement le potentiel de son sujet, mais ne manque pas pour autant d’intérêt, surtout si vous aimez le cinéma romantique.
Le film s’appuie d’abord sur l’excellente idée de Matheson, à savoir créer un voyage dans le temps par l’esprit. Le héros se retrouve ainsi amoureux d’une femme qu’il a vu sur une photographie, dans le présent, et qu’il rejoint par l’autosuggestion dans le passé. Malgré quelques longueurs, car finalement le film à un sujet simple, le métrage ne manque pas de force. Souvent drôle, riche en belles émotions, c’est aussi un film grave, à la tonalité mélancolique parfois qui saura ravir ceux qui cherchent au cinéma un peu de poésie, de douceur et de sentiments. Dans ce métrage on peut rire, pleurer, s’émouvoir de quelque manière que ce soit, et c’est réussi, même si dans un mélange approchant, il ne détrône pas l’inégalable Ghost. La faute sans doute à une narration un peu laborieuse.
Le casting est bon. Le film repose sur un charmant duo Reeve-Seymour. La complicité entre les deux acteurs est manifeste, et tous deux jouent fort bien. Certes, leurs rôles restent ceux de jeunes romantiques, mais ils savent justement insuffler à ce qui aurait pu être des coquilles vides, sans grand relief, une vibration, une force, qui tire le métrage vers le haut. Autour d’eux, quelques bons interprètes, notamment Christopher Plummer qui ne déçoit pas dans un rôle sévère, celui de l’antagoniste pour faire simple. A noter encore la présence anecdotique mais à signaler de William H. Macy. Pour ma part, la bonne surprise est tout de même venue de Christopher Reeve que je craignais un peu trop bellâtre peu expressif ici, engoncé dans un rôle qui n’exploiterait que son physique. Finalement l’acteur va plus loin, et tant mieux.
Sur la forme, je soulignerai un vrai travail d’ambiance. Si le choix de la photographie vaporeuse pourra paraître cliché dans un film de ce genre, cela apporte au contraire une belle allure aux images. J’ai souvent pensé à des toiles de Boudin ou de certains impressionnistes en regardant le film, sachant que les paysages et la reconstitution d’époque font aussi penser à ces toiles. Ça reste classique, mais vraiment du beau classicisme, élégant, raffiné, avec une mise en scène bien inspiré comme le prouve la réalisation de certaines séquences clés (lorsque Reeve trouve le sou). La bande son de Barry est elle aussi classique, mais vraiment très belle. Un des grands thèmes romantiques du cinéma.
En somme, Quelque part dans le temps est un film très solide qui mérite sa bonne réputation. Un peu lisse peut-être, trop du moins pour être un chef-d’œuvre véritable, il n’en reste pas moins que le résultat est tout à fait plaisant, et qu’il s’agit d’un incontournable, dès lors que vous aimez les beaux sentiments à l’écran. 4