Sibérie, la dernière nuit a été présenté dans plusieurs festivals : celui de Nemo en janvier 2002, celui de Mamers en mars 2002, celui de Cannes en mai 2002, celui de Montauban en juillet 2002 et aux Etats Généraux du Documentaire de Lussas en août 2002.
Arrivé sur place, Oren Nataf a organisé une improvisation avec les comédiens sur le thème de la dernière nuit. Celui-ci confie : "Le problème majeur que j'ai tout de suite rencontré c'est qu'ils jouaient la situation avec leurs propres personnages, ceux qu'ils sont dans la vie, créant chez eux beaucoup d'interdits, une autocensure qui interdisait finalement toute démarche de fiction. J'ai alors mis en place des répétitions individuelles afin de construire de nouveaux personnages. On se posait ensemble les questions suivantes : "Qu'est-ce que tu as fait pendant ces quatre années dans cette classe ? Quel est ton but dans cette soirée ?..." Et pendant dix jours, chaque comédien est entré dans la peau d'un nouveau personnage. Je leur apprenais à s'asseoir, à se lever, à parler comme le personnage, à réagir..."
Oren Nataf voulait filmer certaines scènes à l'insu des comédiens, à la manière documentaire tout en fabriquant une fiction. Il a pour cela embarqué une grosse caméra imposante pour faire croire au comédiens que tout serait filmé à travers cet oeil, ainsi qu'un camescope de petite taille. Cet appareil devait se faire oublier et avait pour mission de capter la plupart des scènes sans que les comédiens soient forcément au courant des moments où l'on tourne. Quant au son, Oren Nataf a mis au point une technique haute fréquence permettant de couvrir le plus large espace de jeu.
L'instruction absolue était : "Continuez à jouer même pendant les poses, même pendant le sommeil, tout le temps !". Oren Nataf voulait pouvoir filmer à chaque seconde. Celui-ci explique :"Ils ont joué le jeu. Nous avons tourné pendant cinq jours au rythme de vingt heures par jour. Une véritable usine de fiction. Trente heures de rush".
Sibérie, la dernière nuit a pour cadre l'école théâtrale d'Irkoutsk. Cette école d'Etat forme chaque année une quinzaine d'étudiants en théâtre. Les élèves sont recrutés par concours, à la sortie du lycée. La moyenne d'âge des étudiants entrant est de seize ans. Leur cursus est de quatre ans et doit les préparer à devenir comédiens dans les théâtres locaux ou dans les grandes écoles moscovites.