Initialement je devais regarder un autre film mais hélas, problème de son avec le dvd. Du coup, en cette soirée d'été, mon choix de secours s'est porté sur Kiki la petite sorcière des studios Ghibli, film en réserve que je voulais visionner depuis un long moment. Et une fois encore, comme toujours, je ressort comblé du visionnage de ce petit trésor de la Japanimation !
Kiki la petite sorcière, 4ème long métrage des studio Ghibli sorti en 1989 (mais seulement en 2004 dans nos contrées) nous raconte l'histoire de Kiki, une jeune fille toute frêle de 13 ans qui a la particularité d'être une sorcière. Comme toutes les sorcières à son âge, la petite doit comme le veut la tradition quitter le domicile familiale pour aller s'installer seule dans une ville du continent. Mais la petite sorcière a bien du mal à trouver sa place dans la société urbaine; c'est alors qu'elle décide de mettre sa faculté de voler au service d'une boulangère afin d'assurer les livraisons. Entre le travail, la magie, sans oublier ses premiers émois de la vie d'adolescente, Kiki aura bien des défis à relever. Voilà pour le pitch global.
Et que penser de ce film ? Eh ben qu'il fait un bien fou ! Kiki la petite sorcière, dessin animé au traits typiquement Miyazakiens se révèle être un divertissement doté d'une belle intelligence et de grandes leçons de vie tout en gardant un charme poétique naïf et joyeusement enfantin; l'ensemble bien équilibré sans débordement de l'un sur l'autre. Ca arrive à avoir un fond sérieux tout en conservant cette brise de légèreté très agréable. Pourtant, ce film a tendance à légèrement diviser les fans.
La faute éventuellement au scénario; on aurait pas mal à en dire sur l'histoire du film. En effet, si le film s'intitule "la petite sorcière" et qu'on nous présente une héroïne dotée de de pouvoir magique et capable de voler sur un balais, on se dit en premier que ce que l'on est en train de regarder va plus s'inscrire dans du fantastique avec de l'aventure....eh non. A contrario des à priori, Kiki ne s'oriente pas vers une version animée Japonaise d'Harry Potter (alors que certains éléments ne sont pas sans nous rappeler l'oeuvre de J.K Rowling notamment le fait que des sorciers côtoient le commun des gens ordinaires), (ce qui aurait été intéressant à voir) mais reste très terre à terre dans un registre très "tranche de vie". Les mauvaises critiques crieront au pétard mouillé et quelque part elles n'ont pas tord, c'est vrai qu'il y a un peu tromperie sur la marchandise dans la mesure ou la dimension "magique" est laissée de côté. Pas de baguette magique, de sortilèges, de grimoires et autres bidules abracadabrants, ça en décevra certainement mais c'est clairement un choix du magicien Miyazaki (c'est le cas de le dire) de garder un carde réaliste pour mieux appuyer les réflexions véhiculées.
En effet, sous ses aires de petit dessins animé tout mignon, Kiki la petite sorcière possède un bon nombre de petites leçons en sous lecture. La première aborde la prise d'autonomie, le fait de voir cette petite fille s'élancer seule à la ville pour prendre son indépendance; la tradition de faire quitter aux sorcières leur domicile familiale à 13 ans peut facilement se comprendre par un nouveau départ, la fin de l'enfance et l'entrée dans l'adolescence, avant goût de la vie d'adulte. On aborde aussi le voyage initiatique, le travail en apprentissage, comment gagner sa vie tout en prenant le temps de s'amuser à fond ? Toutes ces thématiques vont avec le personnage de Kiki (qui à elle seule est une raison valable de voir ce film). Après, malgré la pertinence des propos, Kiki la petite sorcière, à vouloir coller à la réalité n'offre pas vraiment de rebondissements. Le rythme est bon mais un peu trop mou des fois, les péripéties manquent de "piquant" et sont reliées les unes aux autres, recollées avec quand même quelques temps morts sur les 1h40. Pour les personnages, l'héroïne Kiki (doublée en vf par Adeline Chetail), est inoubliable ! Personnage emblématique du studio, moé/kawaii toute mimi (<3), douce, gentille, très sociable, déterminée, attentionnée, persévérante...tant de traits de caractère qui rendent cette sorcière modèle beaucoup plus humaines que certains "moldus" et constitue une icône un brin féministe, rendant gloire aux travailleuses (d'ailleurs le récit possède bien plus de personnages féminins que masculins). Les autres personnages comme Osono la boulangère et Ursula l'artiste peintre sont bien sympathiques aussi, gentilles et d'une grande aide morale envers notre jeune héroïne mais dont le rôle selon moi ne se limite malheureusement qu'à ça et je trouve ça insuffisant. Sinon il y a Tombo, le jeune garçon et ami de Kiki, on notera sa passion pour l'aviation, une retranscription de sa propre passion pour le réalisateur. Niveau graphismes, les dessins sont beaux, toujours cette prédominance marquée des couleurs azurs comme dans pas mal d'autres films du studio ainsi que d'autres comme le vert. Généralement, la coloration du paysage fait écho aux états d'âme de Kiki. Pour ce qui est des décors, Miyazaki semble avoir choisit de se détacher des mégalopoles Japonaises pour installer son récit dans un lieux aux apparences et aux inspirations beaucoup plus occidentales, ça nous permet à nous Européens de nous mettre plus vite dans l'ambiance et de conserver les repères culturels. Joe Hisaichi fait encore des merveilles à la bande son musicale qui dégage toute la tendresse du film dans de jolies mélodies reposantes. J'en ai déjà dis long sur ce film, en définitif, Kiki la petite sorcière et encore une fois une jolie pépite de Miyazaki avec beaucoup de magie, de poésie et de tendresse, un bel exemple voyage initiatique avec un soupçon de féminisme dans le ton, allez y les yeux fermés ! 4,5/5