- Avant, l'Anneau était le centre de la trame, tout se concentrait sur cet instrument de pouvoir. Cette fois, nous assistons aux conséquences du port de cet anneau par Frodon. Une guerre, orchestrée par Sauron et Saroumane, son pantin, va bientôt éclater, dans le but de décimer la race humaine.
Les deux tours constituent les tours respectives de Sauron et Sauroumane, l'une dans le Mordor, l'autre dans le pays d'Isengard. Elles leurs permettent de guetter les Hommes et contrôler leurs armées.
Dans ce second volet, radicalement différent du premier, le côté féerique s'efface, et fait place au côté belliqueux et barbare de l'histoire. L'Anneau demeure en second plan : le récit se découpe en plusieurs facettes. Cette fresque kaléidoscopique raconte :
- Le parcours de Frodon et Sam guidés par Gollum pour se rendre au Mordor
- Le parcours d'Aragorn, de Legolas et Gimli à la recherche de Merry et Pippin, puis entraînés dans le Rohan pour venir en aide à son peuple
- Et donc le parcours de Pippin et Merry, coincés dans la Forêt de Fangorn, rencontrant Sylvebarbe, un arbre parlant.
Nous voyons sous plusieurs angles la vie dans la Terre du Milieu avant la guerre, redoutable et redoutée. Tolkien en 1954 faisait référence à la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement au nazisme et au fascisme : les Deux Tours représentent ces deux idéolgies politiques, avides de pouvoir, exterminant les "races" jugées inférieures. Dans cette fable, Sauron et Saroumane veulent héradiquer toute présence humaine. Les Hommes quant à eux essayent de s'allier avec d'autres "races" pour les vaincre, comme les Français s'alliant aux Britanniques par exemple.
Au début du film, nous ne sommes pas autant captivés que par le précedent épisode, la magie opère moins. La dureté du "conte" l'emporte sur sa pureté enchantrice. Mais en fin de compte, notre intérêt croît de plus en plus au fil du récit. L'intrigue se profile au fur et à mesure, la tension est à son comble. Tous les petits défauts de La Communauté de l'Anneau sont gommés, et Les Deux Tours provoque en nous de la passion, du bonheur, de l'extase. La violence elle-même se révèle être poétique. Tout a un sens, tout n'est pas fait par hasard. Peter Jackson excelle et signe une suite encore plus réussie. Chaque personnage a son importance, sa valeur : Sam incarne la raison, l'espoir pour Frodon de détruire l'Anneau ; Gollum lui incarne le désir extrême d'un homme, le désespoir. L'amitié est également un élément phare de l'histoire : l'amitié assouplit la cruauté engendrée par l'Anneau. L'ensemble est fluide, prodigieux. Du romantisme, de l'éclectisme, de l'esthétisme, accompagnent et caractérisent aussi ce tableau fantastique, cette oeuvre magistrale. Une avalanche de sentiments, d'émotions, nous parcourent, nous ne savons pas quoi dire, hypnotisés.
Une épopée avec des acteurs impressionnants, des créatures originales et des batailles toujours aussi accablantes et bien filmées ( final éblouissant ), aucun faux pas.
L'orchestre rejoue son thème, magnifique, bouleversant. Le concerto n'est pas encore fini, mais nous avons déjà les larmes aux yeux. 94 millions de budget pour 94 millions de larmes déversées.. Un "number 2" irradiant de beauté, de sens, philosophique : une perle, un précieux présent pour Noël.