Denis Gheerbrant revient sur les modalités de tournage du Voyage à la mer : "Comme son nom l'indique, le film a été tourné en un voyage : je suis parti pendant un mois avec pour principe de bouger de camping en camping. Je plantais ma tente, je sortais ma caméra et petit à petit un réseau se tissait autour de moi ou je rentrais dans des cercles ; comme celui des jeunes d'Argelès. Dès que je me sentais installé, je repartais.
Je n'avais pas envie de faire le portrait d'une communauté dans un camping mais de rencontrer des gens multiples, différents qui viennent de partout et renvoient à notre société dans ses croisements."
Denis Gheerbrant revient sur ce qui l'a intéressé à voyager dans les campings de France : "Je suis parti tourner Le Voyage à la mer avec le présupposé - qui s'est révélé largement exact - que les gens n'allaient pas seulement dans les campings pour des nécessités économiques, mais pour faire des rencontres, fabriquer du social, un social dont ils seraient les acteurs."
"Nous avons partagé notre étonnement." Denis Gheerbrant explique pourquoi il a choisi de mettre cette phrase du film en exergue : il s'agit "de l'étonnement d'être différent et de pouvoir se parler. C'est-à-dire d'être l'autre et non pas l'étranger. C'est le plaisir de la rencontre : "ce type-là que je regardais il y a une heure comme un "gros beauf", et bien j'ai un vrai plaisir à parler avec lui."
Denis Gheerbrant explique les différentes modalités de tournage qu'il peut rencontrer avec ses films : "Quand je filme, il y a les moments où je suis avec ceux que je filme, et les moments où je suis seul : si j'étais un peintre, je dirais que j'alterne les portraits et les paysages, les paysages dans la résonance de l'émotion des rencontres , leur musique. Les lieux dans mes films n'ont pas pour objet de caractériser socialement les personnages, ils exprimeraient plutôt les couleurs de leurs sentiments."