Très bon film, où Costa-Gravas dénonce avec brio les pratiques journalistiques et le milieu médiatique en général. Si je suis loin de partager les idées politiques du réalisateur, je dois reconnaitre qu'il atteint ici parfaitement sa cible : les journalistes. On assiste à l'ascension d'un badaud au rang de célébrité à son suicide, le tout à cause d'un journaliste qui aussi humaniste se fait-il, reste en quête de scoops. En effet, ce qui déclenche l'engrenage de ce drame c'est la diffusion en direct de la prise d'otage, sans cela, le dialogue aurait était possible entre l'employé licencié et son ancienne patronne. Costa-Gravas nous montre comment les journalistes opèrent dans la construction de ce drame, avec un principe fondamental : filmer l'événement, en être témoin plutôt qu'acteur, ne surtout pas éviter qu'un drame se produise mais faire en sorte bien au contraire qu'il soit s'aggrave et qu'il s'éternise. Tout y est : dramatisation des faits, désinformation (faux témoignages, coupures au montage, paroles hors contexte), mensonge, loi des sondages et de l'audimat, jeu sur la compassion (scène du chien), soin de l'apparence (la stagiaire qui devient d'un coup canon pour paraitre face à la caméra)... Plus généralement, tous les problèmes liés à l'image et la télévision sont traités (si vous tirez sur un noir, vous êtes sans doute raciste) qui font que les médias est carrément devenu le principal pouvoir. Tout dépend de l'image que l'on revoit de soi, et nos paroles n'ont plus aucun pouvoir, il faut être menaçant pour être sûr d'être écouté et peut être compris. A voir absolument.